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Doctorante
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (ED 113)
Centre Malher (IHMC-CH2ST)
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
9 rue Malher, 75004 Paris
Sujet de thèse : Les ateliers de construction automobile à Paris entre 1870 et 1930. Entre héritage et innovation : la naissance d’un secteur industriel
Directrice de thèse : Anne-Françoise Garçon
Première inscription : 15/10/2015
Cette présentation a été publiée dans la lettre d’information de l’IHMC de juin 2021.
Le 17 octobre 1875, sous les yeux des Parisiens ébahis, la première automobile à vapeur traversait Paris. Née de l’association d’un fondeur de cloches et d’un inventeur métallurgique, l’étrange prototype terminait sa course dans le quartier industriel et portuaire du canal Saint-Martin. À partir de quel continuum historique cet engin avait-il pu voir le jour ? À partir de quel complexe technique – diversité des ateliers, formes de production, savoir-faire, capital d’expériences techniques – est née l’automobile ?
Les dossiers des patentes dans l’Est parisien, dont le dépouillement a constitué une base de données de quatre cent cinquante ateliers, dont certains travailleront pour l’industrie automobile, révèlent ce complexe. Leur analyse confirme l’existence d’une spécificité géographique industrielle de l’Est parisien et fait connaitre les problématiques posées par l’innovation, l’organisation du tissu industriel, les liens intersectoriels entre ateliers, ainsi que l’importance de l’évolution des métaux dans l’apparition de l’automobile. L’analyse lexicale et la périodisation des noms des métiers patentés rend compte des premières formes de concentration du complexe technique dès 1900.
La nouveauté de la méthode d’approche permet d’interroger la composition du tissu industriel mécanicien à partir d’une analyse fine des ateliers (situation, équipement et fonction au sein du complexe technique). Les études prosopographiques révèlent des réseaux d’acteurs dynamiques, aux fonctions interchangeables, réunis au gré des innovations. L’étude des liens entre presse, littérature et automobile, en s’inspirant de l’histoire des émotions, a permis d’intégrer la notion d’imaginaire utilisée par les historiens des techniques depuis les années 2010. Cette notion met en lumière un processus d’innovation dans la conception automobile et d’hybridations techniques à partir de filières déjà existantes, envisagées comme des solutions plus ou moins provisoires aux problèmes techniques posés par l’automobile.
Cette période charnière de l’histoire des ateliers mécanique et métallurgique de la fin du xixe siècle est abordée de manière inédite : à partir des processus d’innovation, assimilant les héritages de lignées techniques préexistantes, et des unités de travail des ateliers. L’important volume de sources témoigne de l’ampleur des réseaux d’acteurs d’un secteur industriel qui, bien que naissant, est déjà en perpétuelle reconfiguration.
Publié le 4 mars 2016, mis a jour le jeudi 24 octobre 2024