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Jean-Loup Kastler

Doctorant

Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (ED 113)

Portrait du membre

École d’histoire de la Sorbonne – UFR09 (IHMC-IHRF)
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
17 rue de la Sorbonne, 75231 Paris Cedex 05

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Thèse

Sujet de thèse : Les métamorphoses de la cité idéale en pays de montagne (1768-1788). De l’utopie philosophique de Versoix à l’écologie morale de la foule de la Journée des Tuiles

Directeur de thèse : Pierre Serna

Première inscription : octobre 2019

Thèmes de recherche

  • Républicanisme,
  • Démocratie,
  • Utopie,
  • Montagnes

Distinctions

Ancien élève de l’Ecole normale supérieure de Lyon

Publications

« De la révolution de Genève à la révolution en Dauphiné : existe-t-il des “révolutions montagnardes” ? », in Ripensare la geopolitica delle rivoluzioni, dir. Pierre Serna et Paolo Conte, M.O.D.O., 2021.

« Les étrangers et la révolution entre Genève et Grenoble : Peut-on faire la révolution sans se sentir étranger ? », La révolution française, no 23 (L’étranger en révolution(s)), 2022.

Résumé de la thèse

Cette présentation a été publiée dans la lettre d’information de l’IHMC d’avril 2021.

Bien connu des Voltairistes, le projet de cité idéale de Versoix (1768-1770) a longtemps été considéré comme une impasse. Initié par le philosophe Voltaire avec le soutien du ministre Choiseul, son objectif était d’établir au bord du lac Léman, en Pays de Gex, une cité idéale des Lumières fondée sur la liberté de conscience et l’industrie horlogère protestante. Situé à la frontière de Genève, la cité de Versoix avait pour objectif paradoxal de concurrencer la ville natale de Rousseau dont elle devait être la réplique française.

Ce projet ne survécut pas à la disgrâce du principal ministre de Louis XV en décembre 1770. Il constitue cependant le premier pas d’un processus de « rapatriement du nouveau monde » dont l’aboutissement est la Révolution française. La perte de nombreuses colonies françaises en Amérique provoquée par la guerre de Sept Ans et l’échec d’un projet de colonie blanche en Guyane en 1768 marquent de ce point de vue la fin d’un cycle pour la France. Ils remettent en cause un modèle de développement « espagnol » fondé sur l’esclavage et l’exploitation de rentes issues des conquêtes coloniales. Dans un contexte où physiocrates et néomercantilistes s’affrontent au sommet de l’État, Versoix est un projet ambivalent.

Pour Choiseul, que l’on surnomme alors le « cocher de l’Europe », il s’inscrit dans une ambition géostratégique ayant pour objectif de redessiner les routes entre le Nord et le Sud de l’Europe au profit de Marseille en tant que port commercial. Il se prolonge par la conquête de la Corse qui exprime la réorientation de la volonté de puissance française en direction de la méditerranée et de l’Orient (Grèce, Afrique, Égypte, Inde…).

Pour les capacités grenobloises qui y participent, ce projet est l’occasion de rêver un autre modèle de développement qui ne soit plus colonial mais local. Il est notable que le maître d’œuvre choisi par Choiseul ait appartenu à la très mercantiliste corporation des gantiers grenoblois et non pas au monde du chanvre et de la toile, qui est étroitement lié au commerce colonial. Le projet de Versoix ne se réduit donc pas à la liberté de conscience. Il est aussi celui d’une bourgeoisie capacitaire qui s’interroge sur les fractures économiques de la société française à l’heure où les textes de Mably montrent du doigt « l’utopie de l’utopie bourgeoise » et où l’avocat philosophe Michel Servan initie une première critique de la mondialisation.

Pour une partie de la bourgeoisie grenobloise, Versoix est le brouillon d’une révolution municipale à venir fondée sur le développement local et l’idéal d’une « démocratie directe » sur le modèle genevois : le début d’un projet de décolonisation et de démondialisation qui s’accompagne d’une critique de la « démocratie représentative absolue » pendant la Révolution française. Faut-il s’étonner de voir les artisans dauphinois du projet de Versoix aux avant-postes de la révolution française en Dauphiné à partir de 1789 ? Les deux cités jumelles de Grenoble et de Genève sont-elles le berceau d’un modèle montagnard de révolution distinct de celui des « révolutions atlantiques » ?

 

Publié le 5 janvier 2021, mis a jour le jeudi 24 octobre 2024

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