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Magnus Ressel

Docteur en histoire moderne

Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Universität Bochum

Sujet de thèse : « Zwischen Sklavenkassen und Türkenpässen : Nordeuropa und die Barbaresken in der Frühen Neuzeit ». / « Entre caisses d’esclaves et passeports turcs : l’Europe du Nord et les Barbaresques à l’époque moderne ».

Directeurs de thèse : Wolfgang Kaiser et Cornel Zwierlein (cotutelle Paris 1- Ruhr Universität Bochum).

Date de soutenance : 6 juillet 2011.

Composition du jury : Nikolas Jaspert (Ruhr Universität Bochum), Mark Häberlein (Université Bamberg), Silvia Marzagalli (Université de Nice) et Burghart Schmidt (Université Paul Valéry, Montpellier III).

Thèse publiée sous le titre Zwischen Sklavenkassen und Turkenpassen. Nordeuropa und die Barbaresken in der Fruhen Neuzeit (Berlin, De Gruyter, 2012).


Depuis avril 2013, Magnus Ressel est Wissenschaftlicher Assistent am Lehrstuhl Neuere Allgemeine Geschichte unter besonderer Berücksichtigung der Frühen Neuzeit (Prof. Dr. Luise Schorn-Schütte) à l’Université de Frankfurt am Main : page personnelle sur le site de l’Université de Frankfurt am Main (consultée en septembre 2022).

Résumé de la thèse
Dans ma thèse, j’ai essayé de démontrer l’impact des activités corsaires des « Barbaresques » sur l’Europe du Nord. Je me suis principalement concentré sur l’image des corsaires, les problèmes qu’ils occasionnaient et les efforts entrepris pour les maîtriser depuis une perspective nord-européenne. Sous le terme de « Barbaresques », je conçois les groupes dominants des régences ottomanes en Afrique du Nord, c’est-à-dire d’Alger, de Tunis, de Tripoli, et, dans une certaine mesure, de l’empire du Maroc.
Pour les Européens du Nord, les Barbaresques étaient tout d’abord une menace et, à un degré non-négligeable, une opportunité. Dès la fin du XVIème siècle, les navires d’Europe du Nord monopolisaient la plupart des routes maritimes du commerce européen et global mais ils n’avaient guère la possibilité de les protéger. Il en résultait une immense vulnérabilité du commerce maritime exposé aux attaques des corsaires de l’Afrique du Nord pendant plus de trois cent ans ( 1520-1830). Les corsaires barbaresques capturaient quelques milliers de navires nord-européens, principalement dans les eaux du Sud de l’Europe. Ainsi les Barbaresques représentaient un des plus grands dangers qui pesaient sur le commerce nord-européen avec les pays d’Europe du Sud. C’était un élément structurel souvent sous-estimé dans l’histoire de la navigation de cette époque. La base de mon approche était cette menace permanente qui provoquait une situation très difficile mais offrait en même temps des opportunités pour les commerçants nord-européens et leurs États.
Une menace doit d’abord être identifiée, ce qui comprend la connaissance de ce danger, sa description et la transmission des informations sur celle-ci. A partir de ces données, les acteurs se sont efforcés de neutraliser la menace par une variété de moyens qui dépendaient de leurs capacités politiques et économiques. J’appelle ces efforts une « production de sécurité ». Cette « production » causait souvent des situations précaires caractérisées par une tension entre interventionnisme d’Etat et initiatives individuelles. Par une approche comparative, j’ai fait ressortir différentes « perceptions du risque » qui dépendaient de l’« acteur ». Les différents acteurs sont ici les Provinces-Unies, les grandes cités hanséatiques et le Royaume du Danemark. Malgré leurs grandes différences sur le plan politique, économique et culturel, ils sont comparables à bien des égards. Ils étaient voisins, protestants quoique d’orientation différente, ils exportaient et importaient les mêmes produits et ils étaient très éloignés de la tradition médiévale de la croisade encore très présente dans la mentalité des pays d’Europe du Sud.
J’ai réussi à identifier deux modèles bien distincts qui correspondaient à la division confessionnelle entre luthéranisme et calvinisme. Le modèle des « Sklavenkassen », c’est-à-dire des institutions centrales gérées par l’État et financées par des impôts obligatoires était répandu dans le monde maritime luthérien. Il fonctionnait de manière presque automatique : quand le nombre des captifs d’un État luthérien dans le monde musulman dépassait un certain seuil, l’État intervenait en installant une institution centrale pour le rachat. L’inverse était aussi vrai pour le monde calviniste. Ici, les hommes au gouvernement refusèrent au fil des siècles de mettre en place une telle institution et insistèrent toujours sur la responsabilité des individus, des proches ou des armateurs de s’occuper du rachat.
Quelques sociologues ont proposé il y a quelques années un modèle qui met en rapport la confession respective et le développement de différents systèmes d’ « États providentiels » dans tout l’Occident. Des recherches sur les différents systèmes d’assistance sociale dans l’ouest contemporain commencèrent en 1990. Un des résultats les plus curieux est que les trois modèles identifiés se chevauchent avec la répartition confessionnelle. J’ai comparé les résultats de mes recherches avec les modèles des sociologues. Grâce aux données empiriques et historiques de mon travail, j’ai pu affirmer mais aussi nuancer une partie considérable de la recherche des sociologues dans ma conclusion. La confession avait une influence importante sur le plan institutionnel et sur le comportement des différents acteurs de l’âge moderne. Il est aussi possible de remonter la chaîne des origines des institutions modernes de l’état social jusqu’aux « Sklavenkassen ». Ainsi une des racines de nos « Etats providentiels », qui est certes étonnante mais tout à fait tangible, est exposée ici et expliquée.

 

 

 

Publié le 4 avril 2015, mis a jour le samedi 8 octobre 2022

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