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Séminaire de Master 2 organisé par :
Frédéric Régent (université Paris 1 Panthéon Sorbonne, IHMC-IHRF) pour le cycle « Les grandes figures de la Révolution française et les questions coloniales »,
Solenn Mabo (université de Rennes, Tempora) et Pierre Serna (université Paris 1 Panthéon Sorbonne, IHMC-IHRF) pour le cycle « Les relations femmes-hommes à l’épreuve des bouleversements révolutionnaires »
2e semestre 2023-2024
Le mercredi, de 17h à 19h
Sauf indication contraire (cf. ci-dessous), les séances ont lieu :
Salle Marc Bloch
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
17 rue de la Sorbonne, Paris 5e
Contact : frederic.regent@univ-paris1.fr et pierre.serna@wanadoo.fr
Séances animées par Frédéric Régent (université Paris 1 Panthéon Sorbonne, IHMC-IHRF), du 7 février au 10 avril
Les questions coloniales sont abordées une séance sur dix lors de l’Assemblée constituante. Celle-ci place les colonies en dehors du champ d’application de la Constitution de 1791. L’Assemblée législative donne l’égalité des droits aux libres de la couleur. La Convention abolit l’esclavage. Le Directoire donne l’identité législative aux colonies en les transformant en départements. Le Consulat rétablit l’esclavage et la ségrégation juridique par la couleur. Les questions coloniales aussi diverses que le statut des colonies, celui des gens de couleurs libres, des esclaves sont très présentes pendant la période révolutionnaire. Cette séquence du séminaire portera une attention particulière à la lecture des questions coloniales par de grandes figures de la Révolution françaises, souvent plus connues pour d’autres préoccupations. À travers ces figures, il s’agira de montrer si l’appréhension des questions coloniales est le reflet d’une personnalité, d’une tendance ou d’une majorité. Il s’agira aussi de questionner si le fait révolutionnaire passe par l’intégration des colonies dans la réflexion.
Séances animées par Pierre Serna (université Paris 1 Panthéon Sorbonne, IHMC-IHRF) et Solenn Mabo (université de Rennes, Tempora), du 24 avril au 5 juin
Ce séminaire est conçu pour durer quelques années afin de faire évoluer le projet, se donner un vocabulaire commun et tenter d’inviter le plus d’intervenant·e·s possible sur ce chantier en plein développement après son ouverture il y a une trentaine d’années.
Nous n’avons pas la prétention d’inventer mais souhaitons nous intégrer dans une vaste recherche en cours, poursuivre la réflexion et tenter de l’ouvrir encore, pour tester ses acquis, identifier des problèmes en suspens, esquisser de nouvelles pistes d’analyse.
L’idée de départ n’est pas de faire une histoire des femmes ou des hommes. Elle n’est pas non plus de faire une histoire du genre et de sa construction comme système, même si l’un des enjeux est bien de mettre la question des rapports de genre à l’épreuve des bouleversements révolutionnaires. Il s’agit d’abord de tenter une histoire des liens (sous toutes leurs formes) qui ont pu exister entre femmes et hommes durant la Révolution. Ces liens, nous voudrions les saisir à partir de leurs expériences quotidiennes, celles d’hommes et de femmes qui font et vivent ensemble la Révolution, qu’ils se trouvent mêlés, à côté, séparés ou face à face. Cette approche peut-elle déboucher sur une autre histoire ? Une histoire n’excluant ni la recherche d’identité sexuée, ni les zones de conflictualité, ni les formes de domination mais faisant jouer le plus possible le ET, la conjonction de coordination entre les Femmes ET les Hommes, pour essayer de retrouver des formes nouvelles ou peu explorées de mixité pacifiées, neutres ou opposées.
Cette question se pose dans un cadre chronologique précis qui est celui d’une période charnière qui irait de 1780 à 1820 pour prendre ensemble quelques générations, nées vers 1740, 1760 1780 1800 et les interroger au travers d’une question aussi simple qu’épineuse, celle des façons de vivre ensemble ou d’aspirer à le faire autrement.
Ni histoire des réseaux, ni histoire des sociabilités, l’accent mis sur les liens entre les personnes peut sembler en effet une « histoire simple ». Mais il n’est pas si évident d’évaluer dans quelle mesure la Révolution française est aussi une histoire de relations qui auraient changé. Y a-t-il eu une révolution des rapports entre hommes et femmes durant ces 40 années et comment fut-elle vécue, sentie, écrite, perçue, comprise ?
Plutôt que de penser en termes de mieux ou moins bien, progrès ou régression, ce qui engagerait une dimension polémique qui ferait perdre de vue l’objet et l’histoire vécue, nous ne renonçons pas non plus à pointer certaines dates dans leur importance et leur conséquence. Parallèlement, pour sonder les effets de la rupture révolutionnaire sur les formes et les recompositions des relations femmes-hommes, il faut encore tenter d’inscrire cette histoire dans celle des sociétés, en Europe et au-delà, traversées elles-aussi, de près ou de plus loin, par les dynamiques révolutionnaires ou leurs échos.
Tout d’abord une typologie s’impose pour mieux éclairer le terme de relations.
Elles sont saisies dans le terme le plus large qui soit : amitié, complicité, batailles politiques partagées, au sein de la famille, amour conjugal, amour extra-conjugal, séduction, conflits, relations intellectuelles, professionnelles, entre des générations différentes (fils-mère, père-fille aux différentes époques de la vie ), divorce et prise de liberté des femmes dans l’espace civil à défaut d’espace civique pour elles.
Une autre typologie s’impose pour affiner la méthodologie selon les relations étudiées et les sources susceptibles de les éclairer (archives notariales, judiciaires, presse, correspondances privées, traités, théâtre et romans, littérature médicale, sciences naturelles, iconographie sous forme d’images, de caricatures, de tableau, de portraits)
Une troisième dynamique peut être posée selon que l’on ait à faire à des individus isolés ou des groupes constitués. Y a-t-il des groupes désormais mieux visibles grâce aux thèses soutenues récemment ou en cours comme les prostituées, les ouvrières indigentes, les institutrices, les femmes contre-révolutionnaires, les épouses de députés, qui montrent de nouvelles relations, de nouvelles formes de communications, des assignations à de nouveaux rôles ?
Cela implique aussi d’envisager le cadre matériel précis de ces relations, une géopolitique sexuée des espaces comme les cafés et auberges, la rue, les marchés, l’habitation coloniale, le régiment, les lieux de culte, les salons, les comités, les clubs, les assemblées et leurs tribunes, les espaces familiers de la maison, de l’atelier, et d’autres à préciser. Une quatrième dimension est celle de l’épistémologie. Quelle langue adopter pour décrire cette mixité « rebrassée » et redynamisée par les événements révolutionnaires ?
Y a-t-il une zone de mixité nouvelle qui redéfinirait les assignations socio-politiques de chaque sexe ? Y a-t-il une invisibilité d’un espace qui pourrait être transgenre, où s’accompliraient des pratiques échappant à la binarité du genre, sous la forme d’une citoyenneté neutre et qui serait une réelle invention révolutionnaire dont peuvent rendre compte les portraits des années 1810-1820 ? Comment comprendre et approfondir les nouveaux concepts qui ont été proposés, par exemple ceux de « conjugalisme » ou de « familialisme » proposés par Anne Verjus ? Dans cette perspective comment repenser l’expression de « citoyenne sans citoyenneté », tant mobilisée depuis les recherches fondatrices de Dominique Godineau ? Comment envisager celle de virilisme ou les redéfinitions de la masculinité durant la période révolutionnaire, telles qu’elles se construisent du point de vue des mœurs mais aussi contre la perception de la dégénérescence des corps sous l’Ancien Régime et donc à partir d’une angoisse du corps masculin efféminé ?
Ce sont là quelques pistes pour aborder au ras du sol, une histoire simple et complexe à la fois, à poursuivre, pour tenter de poursuivre une histoire dynamique des relations et de ce face à face entre femmes et hommes n’excluant pas d’autres relations entre femmes et femmes et hommes et hommes.
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Verjus Anne, Heuer Jennifer, Orazi Françoise (dir.), Féminisme en Europe, AHRF, no 411, janvier-mars 2023.
17 h – 19 h
Yann-Arzel Durelle-Marc (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
17 h – 19 h
Nils Renard (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
17 h – 19 h
François Quastana (Aix-Marseille Université)
17 h – 19 h
Florence Lotterie et Olivier Ritz (université Paris Cité) et Elise Pavy-Guilbert (université Bordeaux-Montaigne)
17 h – 19 h
Régis Coursin (université de Montréal ; en visioconférence)
Attention : Cette séance se tiendra exclusivement en visioconférence, à l’adresse suivante :
https://pantheonsorbonne.zoom.us/j/95192740092?pwd=aEFBOCs3dEtMYlByN2paanV6SVZqQT09
17 h – 19 h
Bernard Gainot (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
17 h – 19 h
Frédéric Régent (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
Cette séance était initialement programmée pour le 10 avril.
17 h – 19 h
Marc Belissa (université Paris Nanterre)
17 h – 19 h
Colin Jones (université de Chicago)
Séance accessible sur Zoom
17 h – 19 h
Annie Jourdan (université d’Amsterdam)
Séance initialement prévue à la Sorbonne et déplacée au Centre Panthéon, Salle 212
17 h – 19 h
Rafe Blaufarb, Katie Jarvis et Pierre Serna
Table ronde autour des ouvrages de Rafe Blaufarb – L’invention de la propriété privée – et Katie Jarvis – Politics in the Market Place.
Séance initialement prévue à la Sorbonne et déplacée au Centre Panthéon, Salle 216
17 h – 19 h
Katie Jarvis (University of Notre Dame)
17 h – 19 h
Christophe Bouvier (Archives nationales, département de la Justice et de l’Intérieur), avec également Marie Ranquet, Céline Parcé et Edith Pirio (Archives nationales)
Cette séance était initialement programmée pour le 5 juin.
Elle se tiendra en outre aux Archives nationales, 59 Rue Guynemer, Pierrefitte-sur-Seine (93).