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Séminaire M2 et doctoral de l’IHRF–IHMC / IUF
sous la direction de Pierre Serna (IHRF-IHMC) et Francesco Dendena (BnF)
1er semestre 2022-2023
Les mercredis de 17 h à 19 h
Salle Marc Bloch
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
17, rue de la Sorbonne, Paris 5e
Contact : pierre.serna@wanadoo.fr
Pour la quatrième année, le séminaire poursuit ses investigations autour du projet soutenu par l’IUF, « en faisant, en écrivant la Révolution ». De nouvelles pistes se confirment, de nouvelles approches commencent à porter leurs fruits, des publications se préparent.
Dire le passé est dire ce qui s’est passé, non pas en soi, mais pour des actrices et des acteurs au moment où se passaient les faits est l’objectif de ce projet de recherches. La mise en récit attribue, confère un sens à partir d’un ensemble de preuves, considérées comme authentiques dans leur déroulé advenu, pour répondre aux interrogations et aux besoins qui se posent dans le présent. Écrire et faire de l’histoire signifie tisser un lien social par le biais d’une méthode qui définit l’acceptabilité du texte en question.
Ce qui explique pourquoi le recul n’est pas l’effet du temps.
Ce qui explique pourquoi l’écriture historique commence au moment même où l’évènement survient et où il est relaté. Dans des in-quarto des premières histoires, dans l’octavo des mémoires, qui se distinguent si difficilement des pamphlets, des journaux et des textes manuscrits, définissant l’ampleur des supports à travers lequel se transmettent et se construisent à la fois une culture historique et un régime d’historicité. Ainsi l’histoire de la Révolution naît avec la Révolution. D’ailleurs, l’acte qui la constitue comme événement n’est pas une émeute, si décisive quelle que fut son issue, mais comme l’ont montré Diego Venturino et François Hartog, l’invention précoce d’un régime d’historicité, qui, dès juin 1789, divise à jamais l’ancien du nouveau, ouvrant un espace d’attente nouveau, qui oblige, non pas à effacer l’histoire, comme n’arrêtent pas de le répéter les pâles héritiers de Burke mais à l’inventer selon des modalités nouvelles, tant dans le fonds que dans le style. La Révolution a aussi révolutionné l’histoire. Elle oblige à la réécrire, à l’éditer de façon nouvelle, à inventer de nouveaux canaux de sa diffusion. Constamment. Tous les jours. Par des textes. Par des images. Par des rites collectifs. Par des monuments. Par des discours, des paroles. Par des expériences perdues à retrouver.
Et l’histoire en Révolution ? Elle est omniprésente, terrain de luttes méthodologiques, politiques, braise où se forge sans cesse le sens qui légitime un combat et le miroir des tensions qui traversent la société.
Pour la deuxième année consécutive, ce séminaire de l’IHRF, organisé sous la direction de M. Pierre Serna, et la collaboration de Francesco Dendena, trouve un partenaire prestigieux dans l’institution de la Bibliothèque nationale de France, et plus particulièrement celle de l’Arsenal et sa si riche collection de manuscrits. Ainsi, nous ré-ouvrons ce chantier dont la richesse et l’intérêt sont des acquis, en privilégiant une approche qui vise à explorer les usages sociaux de cette nouvelle culture historique révolutionnaire autant que les stratégies discursives et éditoriales qui permettent de circulation de ce discours historique. Les récentes acquisitions du fonds des Manuscrits de la Bibliothèque de l’Arsenal enrichissent les questionnements avec l’entrée de récits de vie de notaire, d’artisans, de femmes épistolaires.
La notion de « monde comme représentation », au sens où Roger Chartier l’a définie guidera notre réflexion cette année : https://www.persee.fr/doc/ahess_0395-2649_1989_num_44_6_283667
Cette écriture immédiate de la Révolution constitue un témoignage précieux pour déchiffrer ce qu’a pu être au plus près des événements, leur vécu leur ressenti et leur passage par le filtre le moins distancié qui soit de l’écriture, dans ses deux pôles de subjectivité-objectivée par une vérité ressentie, et d’objectivité-subjective qui empêche toute forme de neutralité dès lors qu’écrire est un acte, plus que de construction du réel, de positionnement de soi dans le réel.
Cette approche explique la volonté d’intégrer cette année dans nos réflexions, un colloque international les mercredi 14 et jeudi 15 décembre 2023, en invitant d’autres spécialistes de l’histoire immédiate des Révolutions. Il s’agit d’ouvrir les espaces de réflexion et une large place sera offert aux domaines coloniaux, méditerranéens et au continent sud-américain, trop souvent excentré dans les études révolutionnaires et à qui il faut rendre sa juste place.
Pour symboliser notre partenariat, ce colloque se tiendra entre la Bibliothèque de l’Arsenal et la Sorbonne. Le programme sera très prochainement disponible.
17 h – 19 h
Pierre Serna (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, IHMC-IHRF, IUF)
17 h – 19 h
Mathieu Ferradou (université de Paris Nanterre)
17 h – 19 h
Bettina Frederking (Cespra) et Pierre Serna (université Paris 1, IHRF-IHMC, IUF)
Bettina Frederking et Pierre Serna sont responsables du volume 103 des Archives Parlementaires, publié en septembre 2022 à CNRS Éditions
17 h – 19 h
Solenn Mabo (université de Rennes)
17 h – 19 h
Francesco Dendena (Bibliothèque nationale de France)
17 h – 19 h
Clément Weiss (docteur de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
17 h – 19 h
Margot Renard (post-doctorante à l’université de Gand, Belgique)
17 h – 19 h
Déborah Cohen (université de Rouen)
17 h – 19 h
Jean-Dominique Mellot et Yann Fauchois (conservateurs et attaché de conservation à la BnF)
Colloque international à la Bibliothèque de l’Arsenal et à la Sorbonne
Voir le programme complet du colloque