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La circulation des savoirs, à l’instar de celle des hommes et des biens est devenue une question centrale dans le monde globalisé de la finance et de l’information mais demeure en même temps un objet complexe que seule une recherche collective permet véritablement d’appréhender. Le futur IHMC réunit précisément des chercheurs d’histoire des savoirs, de l’État et des sociétés, qui en ont fait leur objet de recherche à partir d’objets et d’angles d’approche divers dont le croisement est un des enjeux de cet axe. Plusieurs projets déjà financés sont rattachés à cet axe et seront amenés à fédérer certaines de leurs entreprises :
Ce programme franco-allemand ANR /DFG Localisation et circulation des savoirs d’Etat en Europe 1750-1850, coordonné par C. LEBEAU entrera en 2014 dans sa dernière année de financement. Les participants au projet prévoient de publier un volume de réflexion sur la relation entre Etat et savoir dans le droit fil de l’atelier doctoral qui s’est tenu en juin 2012 à l’Institut Historique Allemand de Paris. Le volet « base de données collaborative » arrivera également à son plein développement. Le système (data warehouse) permettra de visualiser dans l’espace et le temps, sur fond d’ « Europe savante » (données disponibles sur les capitales administratives et résidences, collèges et universités, principaux centres de librairie, académies....) les « laboratoires » de savoirs d’État. Il s’agit de mettre en évidence à la fois des lieux où des savoirs conçus pour l’Etat se cristallisent, notamment par la circulation des hommes et des livres ainsi que par l’amalgame de disciplines aux contours encore flous, et des espaces de savoir denses à l’origine de modèles administratifs qui circulent en Europe. Quatre projets pilote sont actuellement en cours de saisie (les périodiques savants d’Aubin-Louis Millin, J.-L. Chappey ; les Intelligenzblätter dans l’espace souabe, L. Schilling ; les mémoires de Karl von Zinzendorf, C. Lebeau ; les mémoires de J. Hellot, I. Laboulais). L’objectif est de produire un support pérennisé sur le site de Paris I qui aura vocation, au-delà du projet EUROSCIENTIA, à être enrichi par d’autres données et à devenir un système collaboratif ouvert. Afin d’accroître le stock de données et ainsi de mettre un outil orienté GIS à la disposition des chercheurs, il est prévu de répondre aux appels d’offres Corpus de l’ANR ou équivalent de la DFG.
Ce programme de l’École française de Rome, dirigé par J.-M. LE GALL, en partenariat avec le labex Hastec vise à produire un atlas des dévotions européennes. Il s’inscrit dans un ensemble de recherches sur les reliques à l’âge moderne. Sur cette lancée, l’objectif est d’interroger la circulation des dévotions en Europe, en croisant analyse locale (qui sollicite une indulgence, pourquoi, par quel truchement ?) et centralisation romaine. Ce projet vise donc aussi à interroger pour le valider, l’invalider ou le nuancer le paradigme centre/périphérie d’un catholicisme moderne et romain, centralisé et fonctionnant sur un modèle centrifuge.
Ce projet fédérateur soutenu par le labex HASTEC (Coordinateurs : C. LEBEAU, G. SALINERO, participants : I. BRIAN, H. DREVILLON, J.-M. LE GALL, P. SERNA) vise à définir les types de listes (par exemple, les registres fiscaux, états de finance, les recensements, les almanachs de cour, les index ou simples inventaires, etc.), leurs usages et leurs destins. La liste vise tout spécialement à consigner des exemplaires et des individus, d’où autant de formes rhétoriques et d’encodages, traditionnels ou crées ex-nihilo. Les choix et procédures de classement (par « principe » ou « essence », alphabétique, thématique, chronologique, « de provenance »....) engagent également des procédures de sélection, de mise à disposition ou au contraire d’effacement auxquelles il conviendra d’apporter une importance particulière en lien avec la chronologie. Enfin, une liste est aussi une forme de visualisation, en lien ou en concurrence avec d’autres formes de visualisation (tableaux, cartes, cabinets, formulaires...). Les pratiques administratives, militaires, fiscales, judiciaires ou politiques infléchissent les usages des listes et en modifient le statut. Les usages se succèdent donc jusqu’à transformer un document d’administration militaire en liste noire, en objet de culte ou de mémoire (listes d’ancêtres, listes de martyrs...).
Au cours des vingt dernières années, les instruments de travail et les ressources documentaires sur lesquels les historiens modernistes peuvent fonder leurs recherches en histoire du livre se sont trouvés profondément renouvelés par la mise en ligne de répertoires biographiques, de catalogues de bibliothèques et de bibliographies rétrospectives tandis que se multipliaient les enquêtes prosopographiques sur les gens du livre dans plusieurs pays européens. Le plus souvent élaborées dans un cadre étatique, ces enquêtes et ces ressources se limitent généralement aux territoires nationaux, mais peuvent cependant aussi être mobilisées en vue de comprendre comment se construisent et s’organisent, au-delà des frontières, les échanges des savoirs, des idées et des textes, à travers la circulation des hommes et des livres. Il s’agit de privilégier pour l’étude des échanges culturels en Europe l’analyse des réseaux de la librairie internationale en partant du cas particulier du livre et de l’imprimé en langue française entre le XVIIe siècle et le milieu du XIXe siècle.
Ce programme est développé sur la base d’une coopération internationale et un réseau de recherche européen a été constitué. Des colloques sont organisés chaque année depuis 2008 (en 2011 : colloque au mois de mai à Parme pour les circulations franco-italiennes du livre et au mois de septembre 2012 à Sinaia en Roumanie pour les pays d’Europe centrale et orientale avec la participation de C. LEBEAU).
Ce projet pluriannuel, adossé sur l’acquis du quadriennal précédent, sur un PPF de l’ENS et sur le projet ANR/DFG Transnat vise à structurer une géopolitique européenne des arts et des lettres, depuis les grandes cassures confessionnelles du XVIe siècle jusqu’à la Foire internationale du livre de Francfort, depuis la latinitas jusqu’au foisonnement des littératures nationales, des baladins ambulants aux politiques nationales du spectacle vivant, des arts des cours renaissantes au marché de l’art contemporain. Il s’inscrit dans un débat international sur les formes, les enjeux et les logiques de l’internationalisation des biens culturels. D’un point de vue méthodologique, ce projet croise les méthodes d’analyse quantitative (statistiques sur corpus, biographie collective), de la représentation graphique (cartographie, analyses de réseaux) et de l’enquête qualitative et monographique (transferts culturels, études de trajectoires), pour parvenir à établir une géopolitique de la littérature, du théâtre et des arts en Europe, fondée sur les circulations d’objets, de personnes, de textes, de mots, de formes esthétiques et de dispositifs institutionnels et sur l’ensemble des opérations de valorisation, de canalisation, d’encadrement, d’importations, d’interprétations, d’assignations identitaires et de manipulations symboliques. L’hypothèse générale qui relie ces enquêtes est que les constellations sociales,intellectuelles et politiques de ces circulations ont contribué à la mise en place de frontières culturelles et politiques européennes de longue durée.
Les objets d’enquête sont de trois ordres, poursuivant des enquêtes déjà entamées pendant le quadriennal 2009-2013 sur les capitales culturelles européennes. La première enquête porte sur les circulations internationales artistiques, à travers les expositions internationales et les galeries d’art, à partir du milieu du XIXe siècle (M. PASSINI). Elle débouchera sur un atlas des circulations internationales de la peinture en Europe sous la direction de B. JOYEUX-PRUNEL (IHMC) (ANR jeunes chercheurs Artl@as).
La deuxième enquête porte sur les circulations théâtrales en Europe, à la fois observées à partir des répertoires vivants des grandes villes mais aussi des villes secondaires, entre la fin du XVIIIe siècle et le début du XXe siècle. Elle est mise en œuvre sous la direction de C. CHARLE par R. MARKOVITS et G. FAYE en coopération avec deux universités allemandes (Sarrebruck (H.J. Lusebrink et al.) et Marburg (H.G. Mix et al.)) et l’université de Vienne (N. Bachleitner et al.).
La troisième enquête porte sur la traduction littéraire dans l’Europe occidentale, et vise à produire une statistique systématique de l’intraduction et de l’extraduction des différents espaces éditoriaux européens, à l’échelle des aires linguistiques comme à celle des métropoles du livre (B. WILFERT, S. JURATIC, I. HAVELANGE).
Dans chacun de ces cas, la production d’une statistique et d’une cartographie à portée géopolitique sera contrôlée, enrichie et complexifiée par une série d’enquêtes monographiques intensives sur des traducteurs, des auteurs de théâtre à succès, des expositions et galeries d’art particulières, des cas complexes d’application du droit d’auteur international, des polémiques esthétiques et politiques sur le rôle du national et de l’étranger dans la vie culturelle.
Publié le 25 juillet 2013, mis a jour le vendredi 27 février 2015