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Alexandre Binoux

Doctorant

Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (ED 113)

Portrait du membre

École d’histoire de la Sorbonne – UFR09 (IHMC-CRHM)
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
17 rue de la Sorbonne, 75231 Paris Cedex 05

Thèse

Contrat doctoral de l’université Paris 1, en partenariat avec l’École française de Rome, pour trois ans (2024-2027). 

Sujet : Diaspora et pouvoirs. Les Grecs maniotes, la Corse et la Méditerranée nord-occidentale, c. 1660-1789

Directeurs de thèse : Jean-François Chauvard

Date de première inscription : septembre 2024

Thèmes de recherche

  • Histoire des communautés en Méditerranée
  • Conversion
  • Mobilités et politiques territoriales
  • Diasporas

Enseignements

  • 2024-2025 : TD d’histoire moderne (L1) : La France des Lumières, 1715-1789, université Paris 1.

Publications

Recension d’ouvrage

  • Alexandre Binoux, « Guillaume Calafat, Mathieu Grenet, Méditerranées. Une histoire des mobilités humaines (1492-1750), Paris, Points, 2023 », Diasporas, no 43, 2024.

Formation

  • 2024-2027 : doctorant contractuel en histoire à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne en partenariat avec l’École française de Rome.
  • 2023-2024 : M2, parcours Histoire et Anthropologie des sociétés médiévales et modernes, Paris 1. Sujet de M2 : « Diaspora et pouvoirs. Les Grecs maniotes, la Corse et la Méditerranée nord-occidentale (Rome, Gênes et le royaume de France) c. 1700 – 1774 ».
  • 2022-2023 : préparation et obtention de l’agrégation externe d’histoire.

Compétences linguistiques

  • Grec moderne : C1. Diplôme de langue C1/Γ1 délivré par le Modern Greek Language Teaching Center (2022) de l’université Capodistrienne d’Athènes.
  • Lecture du grec de la période ottomane.
  • Espagnol : C1 (LV1 au concours BEL des CPGE).
  • Italien : CELI 3 (Certificati di Lingua Italiana, Università per Stranieri di Perugia), niveau B2.
  • Anglais : B2.

Résumé de la thèse

Originaires du Magne dans le Péloponnèse, les Grecs maniotes formaient une colonie autorisée par la République de Gênes à s’installer à Paomia en Corse en 1676. Peuplée d’un millier d’habitants vers 1720, la communauté de Paomia constituait un des segments les plus importants de la diaspora grecque en Méditerranée occidentale. Le déplacement des Grecs maniotes à Ajaccio (1731-1774) menacés par les révolutionnaires corses, ouvre une séquence caractérisée par le bouleversement géopolitique et la nouvelle relation entre Grecs et Corses. À la fin du xviiie siècle, les Grecs transférés dans le nouveau bourg de Cargèse jouirent de la même citoyenneté que les insulaires, tandis que leurs spécificités culturelles s’effaçaient peu à peu.

Au croisement de l’histoire politique, économique, sociale et religieuse, la thèse entend démontrer comment cette communauté a maintenu, pendant plus de 120 ans, sur plus de six générations, des traits spécifiques tout en subissant des transformations : passage de l’orthodoxie au catholicisme, transfert de la campagne à la ville ainsi que divers mouvements migratoires. Dans le même temps, il s’agit d’étudier une communauté dans son interaction avec les pouvoirs politiques et religieux, la société environnante et les Grecs de la diaspora dans une perspective multiscalaire. La focale sera centrée sur les processus de négociation, entre les différentes autorités, leurs relais et les représentants de la communauté qui construisaient un pouvoir local, parfois en concurrence avec les uns et les autres.

L’analyse s’appuiera sur des sources en italien, grec et français, sur des fonds d’archives dispersés, pour comprendre le fait migratoire et communautaire sous tous les angles. La thèse envisagera les procédures bureaucratiques de la papauté pour contrôler un groupe hétérodoxe, suspecté de rester schismatique, et ainsi « fabriquer » une communauté catholique. On interrogera les rôles de l’évêché de Sagone, d’Ajaccio et de l’archevêché de Pise comme relais de la Papauté, du Saint-Office et de Propaganda Fide, dans l’imposition de règles tridentines et la collecte d’informations. Formés au Collège grec de Rome, les prêtres maniotes participaient également à la confessionnalisation catholique de leur communauté.

Le second axe de la recherche porte sur la mise en territoire de l’espace insulaire, par le biais des communautés. Gênes, puis le royaume de France installaient des petites colonies étrangères, comme la colonie grecque, dans le but d’en faire des alliés face aux corsaires et aux villages autochtones et d’exploiter des terres agricoles. Toutefois, la conversion de communautés au catholicisme, leur fidélité auprès des différentes puissances souveraines, leur alliance avec certaines familles locales, s’expliquaient aussi par les dynamiques sociales et familiales.

Le but est d’étudier la reproduction de cette communauté sur le plan démographique et économique et de restituer le rôle des systèmes familiaux et de l’alliance dans les segmentations internes à la colonie. Cette thèse s’inscrit donc dans l’histoire sociale et économique, à savoir l’histoire des familles originaires du monde orthodoxe et l’histoire du patrimoine des populations migrantes. Cette colonie centrée en Corse, était loin d’être statique. Le segment diasporique maniote s’intégra à un réseau de communautés grecques d’Italie au sein duquel circulaient des personnes, notamment pour exercer des professions à Livourne ou à Naples. La colonie des Maniotes était la matrice de départs vers d’autres destinations en Méditerranée occidentale : ces déplacements témoignaient d’une situation fragilisée par la Révolution corse ou d’une volonté de gagner des privilèges en Sardaigne et à Minorque. Micaglia Stéphanopoulos-Yéorgakis, un des chefs de la colonie, proposa à Gênes un millier de Maniotes armés pour reconquérir la Corse (1745). J’analyserai ainsi les connexions diasporiques et leur instrumentalisation par les souverainetés pour exploiter ou dominer un territoire

Thesis abstract

Native to Mani Peninsula in the Peloponnese, the Maniot Greeks formed a colony authorized by the Republic of Genoa to settle in Paomia, Corsica, in 1676. With a population of around 1,000 in 1720, the Paomia community was one of the largest segments of the Greek diaspora in the western Mediterranean. The move of the Maniot Greeks to Ajaccio (1731-1774), threatened by Corsican revolutionaries, marked the beginning of a new period characterized by geopolitical upheaval and a new relationship between Greeks and Corsicans. At the end of the 18th century, the Greeks who were transferred to the new town of Cargèse enjoyed the same citizenship as the islanders, while their cultural specificities were gradually erased.

At the crossroads of political, economic, social and religious history, the thesis aims to demonstrate how this community has maintained its specific characteristics for more than 120 years, over more than six generations, while experiencing major transformations : transition from Orthodoxy to Catholicism, transfer from the countryside to the city as well as various migratory movements. At the same time, the aim is to study a community in its interaction with the political and religious powers, the surrounding society and the Greeks of the diaspora from a multiscalar perspective. I will focus on the processes of negotiation between the various authorities, their local relays and the community representatives who were building local power, sometimes in competition with each other.

The analysis will be based on sources in Italian, Greek and French, and on dispersed archival collections, in order to understand the migratory and communitarian fact from all angles. The project will consider the bureaucratic procedures developed by the papacy to control a heterodox group, suspected of remaining schismatic, ’’making ’’ a Catholic community. The roles of the bishopric of Sagone, Ajaccio and the archbishopric of Pisa as regional and local relays of the papacy, the Holy Office and Propaganda Fide, in imposing Tridentine rules and gathering information, will be examined. Educated at the Greek College of St. Athanasius in Rome, Maniot priests were also involved in the Catholic confessionalization of their community.

The second part of research focuses on the territorialization of the island space, through its communities. Genoa, then the Kingdom of France, settled small foreign colonies, such as the Greek colony, as allies against corsairs and native villages, and exploiting agricultural land. However, the conversion of communities to Catholicism, their loyalty to the various sovereign powers, their alliance with certain local families, were also explained by social and family dynamics. The aim of this project is to study the reproduction of this community in both demographic and economic terms, and to examine the role of family systems and alliances in the internal segmentation of the colony.

This project will therefore a social and economic history, focused on the history of families from the Orthodox world and the history of the heritage of migrant populations. This colony, centered in Corsica, was far from being static. The Maniot diasporic community was integrated into a network of Greek communities in Italy, within which people circulated, to work in Livorno or Naples for example. The Maniot colony was itself the matrix for departures to other destinations in the western Mediterranean : these movements reflected a situation weakened by the Corsican Revolution, or a desire to gain new privileges in Sardinia and Menorca. Micaglia Stéphanopoulos-Yéorgakis, one of the colony’s leaders, offered Genoa a thousand armed Maniots to reconquer Corsica (1745). I will therefore analyze diasporic connections and their instrumentalization by sovereignties to exploit or dominate a territory.

Publié le 3 décembre 2024

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