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Doctorant
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (ED 113)
Université de Neuchâtel (Suisse)
IHMC
Université Paris1 Panthéon-Sorbonne
9 rue Malher, 75004 Paris
Bourse du Fonds national suisse (FNS-Doc.CH ; 4 ans)
Sujet de thèse : Entre savants, vulgarisateurs, curieux et amateurs : formalisation et spécialisation des discours en entomologie au xviiie siècle
Directeurs : Jean-Luc Chappey (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne) et Nathalie Vuillemin (université de Neuchâtel, Suisse)
Date de première inscription : octobre 2024
Résumé de la thèse :
Si, dans la première moitié du xviiie siècle, les travaux entomologiques tendent à susciter l’intérêt d’un public mondain, les progrès en matière de techniques, d’instruments, de méthodes et de connaissances mettent progressivement à mal ce modèle et écartent les curieux et les amateurs au profit de savants de plus en plus « professionnels ».
Cette thèse vise à interroger ce processus de spécialisation des discours et des pratiques en entomologie (au sens d’une « professionnalisation » des savoirs, c’est-à-dire d’une complexification des pratiques, du développement de terminologies qui leur sont propres, de refontes institutionnelles et de développement d’instruments de mesure standardisés ainsi que de dispositifs d’observation et d’expérimentation inédits), en se focalisant sur les travaux de René-Antoine Ferchault de Réaumur (1683-1757) et de ses correspondants.
La thèse entend montrer que – contrairement aux idées reçues, qui situent le moment de basculement de l’histoire naturelle vers une science spécialisée dans le premier tiers du xixe siècle– ces savoirs sont déjà dans l’état de ne plus être accessibles, même aux lecteurs éclairés, dès la fin de la première moitié du xviiie siècle. La mise à portée des savoirs construits par cette science naissante ne peut alors s’effectuer qu’au prix d’un double mouvement : soit une « spécialisation » du public, soit un changement de registre discursif des savants. En interrogeant ce processus et les enjeux sociaux, intellectuels et épistémiques qui y sont liés, la recherche montrera la coexistence de deux types de discours : celui des spécialistes et des techniciens (de plus en plus formel et dénotatif) et celui, plus généraliste, des « popularisateurs », davantage lié à des visions apologétiques, esthétiques ou même littéraires.
La thèse suggèrera également l’émergence d’un public initié (et, littéralement, outillé) pour suivre et éventuellement réitérer les observations consignées dans les productions savantes. En termes de méthode, la recherche mobilisera les outils de l’analyse de discours, afin d’opérer une micro-lecture de ces textes et mettre en évidence les modalités d’écriture et de formalisation propres à Réaumur et ses correspondants, ainsi que les stratégies de construction de leurs publics. Cette approche « littéraire » sera croisée avec celle, plus épistémique, de l’histoire sociale des sciences, pour mettre en perspective les éléments relevés par la lecture rapprochée des textes avec le contexte sociopolitique et institutionnel dans lequel ces savants évoluent, dans le cadre de la constitution des savoirs naturalistes et des enjeux communicationnels de l’entomologie au xviiie siècle.
Publié le 13 décembre 2024