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Gilles Narcy

Doctorant

Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (ED 113)

Università degli Studi di Milano-Statale

Portrait du membre

Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (IHMC-CRHM)
14 rue Cujas, 75005 Paris

Thèse

Sujet de thèse : Riz et rizières en Italie du Nord (xvie-xviiie siècle). Gouverner, posséder, exploiter

Directeur de thèse : Jean-François Chauvard (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), Stefano Levati (Università degli Studi di Milano-Statale) et Luca Mocarelli (Università degli Studi di Milano-Bicocca)

Première inscription : octobre 2023

Thèmes de recherche

  • Histoire de l’Italie à l’époque moderne : États d’Ancien Régime, gouvernementalités, territorialités, experts et projets
  • Histoire environnementale et matérielle : eaux et irrigation, agriculture et circulation des savoirs agronomiques, bonifications, aménagements
  • Histoire économique et sociale : alimentation, travail, formes et droits de propriété foncière, reféodalisation et capitalisme agraire

Résumé de la thèse

Ma thèse porte sur l’apparition et le développement de la riziculture en Italie du Nord durant l’époque moderne. Attestée pour la première fois en 1475, elle connaît une expansion massive à partir de la seconde moitié du xvie siècle jusqu’au tournant de 1575, qui voit la promulgation de la première loi limitant la création de rizières dans l’État de Milan, rapidement reprise dans le duché de Savoie, le duché de Mantoue et la république de Venise, et suivie de très nombreuses autres durant les siècles suivants. Cette législation est motivée par des problèmes de trois ordres : sanitaire en premier lieu, la théorie médicale néohippocratique imputant les épidémies de fièvres aux miasmes créés par les eaux stagnantes d’irrigation ; alimentaire ensuite, le riz étant considéré comme une culture spéculative et superflue par rapport au blé, à la vigne et à l’élevage ; hydraulique enfin, en raison des inondations des routes par les conduites d’irrigation et des conflits suscités autour de l’usage des eaux. La riziculture constitue ainsi un des laboratoires de la gouvernementalité environnementale et territoriale de l’Italie d’Ancien Régime, abordée ici au moyen d’une histoire croisée visant à restituer la cohérence mais aussi les divergences des différentes mesures adoptées dans les États voisins étudiés. Les zones de frontière, qui se trouvent être d’importantes régions rizicoles (Vercelli, Novare, Pavie, Mantoue, Vérone), font notamment l’objet d’une attention particulière sur la longue durée.

La riziculture provoque également d’importants bouleversements économiques et sociaux et transforme les conditions d’exploitation de l’environnement et de la main-d’œuvre. Traditionnellement considérée par l’historiographie comme un vecteur du capitalisme agraire en Italie, elle présente plusieurs particularités majeures du point de vue du mode de production : diffusion des grands domaines, gestion par des fermiers-exploitants, importance des migrants saisonniers et du travail des femmes et des enfants. Les rizières sont également au cœur des principales évolutions conjointes des paysages agraires et des formes de la propriété foncière durant l’époque moderne : invention de nouveaux régimes d’appropriation des cours d’eau, réduction ou mise en culture intensive des communs, applicabilité contestée des lois d’intérêt général à la propriété ecclésiastique, puis, à partir du xviiie siècle, à la propriété privée individuelle.

La diffusion du riz permet en outre de réinterroger l’histoire de l’alimentation et des systèmes annonaires des États d’Ancien Régime en associant approche étude de la réglementation et approche matérielle et technologique. La question de la panification et des modes de consommation se trouve en effet au cœur de débats sur la définition du riz comme produit d’épicerie ou comme céréale : la distinction entre riz blanc des riches et farine ou soupe de riz des pauvres structure son processus d’appropriation par les sociétés européennes. Elle prend place, à partir de la fin du xviie siècle, dans l’élaboration de nouveaux savoirs sur la diététique liés aux projets de réforme de l’alimentation des pauvres, des soldats ou encore des marins, dans le cadre de l’émergence d’un gouvernement de et par les ventres.

À plus large échelle, enfin, le cas italien achève la diffusion sur la longue durée de la riziculture en Méditerranée à partir du second Moyen Âge, qui concerne également l’Égypte, la région de Valence ainsi que l’Anatolie et la Thrace ottomanes, et qui précède elle-même une nouvelle phase de globalisation du riz en Afrique de l’Ouest et en Amérique via l’expansion coloniale ibérique. L’Italie s’insère ainsi de façon croissante au cours de l’époque moderne dans l’émergence conjointe à l’échelle globale de l’agronomie rizicole et des projets d’implantation de la riziculture dans d’autres États européens. Les rizières italiennes sont ainsi un des termes d’une comparaison mondiale qui passe notamment par l’observation des modèles paradigmatiques de riziculture en Asie de l’Est et du Sud-Est et la circulation concurrente des variétés, des techniques et des savoirs.

Diplômes universitaires

  • 2022 : Master 2 (Paris-1 Panthéon-Sorbonne) « Histoire et anthropologie des sociétés médiévales et modernes (vie siècle – milieu du xixe siècle) »
  • 2021 : Agrégé d’histoire
  • 2020 : Master 1 « Civilisation des Temps modernes » (Sorbonne-Université)
  • 2019 : Double-licence Histoire-Italien (Sorbonne-Université)
  • 2018-2023 : Élève de l’École normale supérieure de la rue d’Ulm

Publié le 4 décembre 2023, mis a jour le mardi 11 juin 2024

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