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[AAC] Les accaparements de l’eau au xixe siècle

Water grabbing in the 19th century

English version below

Date limite d’envoi des propositions : 1er mars 2025

Journée d’études organisée le 11 juin 2025 à l’ENS-PSL (salle du CERES – E045, 24 rue Lhomond Paris 5e)

Organisateur·trices : Yaël Gagnepain (IHMC / CERES, ENS-PSL) et Émilie Pasquier (CHSP Sciences Po).

Format et attendus

Les propositions de communications devront comporter un titre court et un argumentaire (3 000 signes espaces compris présentés en une page sous PDF de préférence), jalonné éventuellement par quelques intertitres courts et explicites. L’auteur.ice doit indiquer son établissement ou laboratoire de rattachement. Ces propositions sont à adresser au plus tard le 1er mars 2025 en précisant l’objet « journée d’étude - eau » aux adresses :
yael.gagnepain@ens.psl.eu et emilie.pasquier@sciencespo.fr

Les auteur.ices seront avisé.es du résultat des sélections à la fin du mois de mars 2025. Des précisions seront alors données sur l’organisation matérielle de la journée d’étude. L’organisation pourra prendre en charge le déplacement et la restauration des communicants. La journée d’étude sera ouverte au public.

Les communications, en français ou en anglais, d’une durée de 30 minutes feront l’objet d’une publication dans un numéro thématique de la Revue d’histoire du xixe siècle.

Les participant·es seront tenu·es d’envoyer une première ébauche de leur article pour le 23 mai 2025. Ces papiers seront partagé.es à l’ensemble des participant.es pour nourrir les échanges durant la journée.

Axes et thématiques

La disponibilité, les usages et les contaminations des eaux seront des sujets centraux des prochaines décennies. Les hydrologues estiment qu’un bouleversement global du cycle de l’eau douce est en marche (Oki et Kanae 2006). Ce bouleversement est la conséquence à la fois du dérèglement climatique d’origine anthropique et de l’utilisation toujours plus importante de l’eau douce pour les activités humaines (Savelli et al. 2023). À l’issue de la « Conférence des Nations Unies sur l’eau », qui s’est tenue en mars 2023 à New York, première rencontre de ce type organisée depuis 1977, un rapport est publié sur les ressources globales en eau (Connord et Miletto 2023). Il estime que « l’utilisation des ressources en eau dans le monde augmente de près de 1 % par an et devrait continuer d’augmenter à un rythme similaire jusqu’en 2050 ». Il affirme également qu’aujourd’hui « 46 % de la population mondiale (3,6 milliards de personnes) n’a pas accès à des services d’assainissement gérés de façon sûre ».

La situation climatique et la modification des activités humaines ont asséché de très nombreux territoires, et de vastes régions du monde connaissent une désertification rapide. Les tensions hydriques que subissent d’un côté les écosystèmes, et de l’autre les infrastructures humaines de collecte et de distribution, sont à l’origine d’une multiplication de conflits d’usages de l’eau. Ces conflits alimentent des débats de sociétés qui remettent en cause les modèles de développement choisis ou imposés, au point que la disponibilité et la gestion de l’eau sont devenues « l’un des principaux domaines de contestation des politiques néolibérales » (Le Gouill, Cortinas Muñoz, et Poupeau 2019).

Ces dernières décennies, alors que nos sociétés réalisaient l’importance des contaminations et pollutions imposées aux environnements par deux siècles d’intense activité industrielle, l’historiographie a su produire une histoire sociale des pollutions et de leur acceptabilité. Cette histoire a interrogé la diversité des pratiques déployées par les acteurs économiques, les institutions scientifiques, et les administrations publiques pour faire tolérer les rejets polluants, toxiques ou insalubres dans les environnements. Ainsi, la contamination précoce, au xixe siècle, des rivières d’Europe occidentale par les activités industrielles a été particulièrement bien décrite (Carré et Lestel 2021 ; Massard-Guilbaud 2010 ; Francois Jarrige et Le Roux 2020 ; Le Roux 2011). Aujourd’hui, alors que les conflits d’usage de l’eau en tant que ressource se multiplient, la discipline historique doit effectuer un travail similaire à celui réalisé pour les pollutions industrielles afin de produire une histoire de la mise à disposition de l’eau pour les activités humaines. À ce titre, le xixe siècle s’avère être une période charnière. Nos sociétés contemporaines héritent des mutations des rapports à l’eau qui naissent durant ce siècle, notamment dans les pays occidentaux en voie d’industrialisation et dans les espaces coloniaux.

En faisant dialoguer plusieurs approches, cette journée d’étude vise à faire vivre ce nécessaire débat pour permettre de décrire la modification des rapports des sociétés humaines à l’eau au xixe siècle. En particulier, on entend s’intéresser aux nouvelles stratégies de l’accaparement de l’eau qui voient le jour au profit d’intérêts économiques émergents durant ce siècle. Cette journée, et le dossier qui la suivra, proposent donc tout d’abord de considérer l’eau comme une ressource minérale qui, au même titre que le charbon, le bois, ou divers métaux, a été centrale dans le développement industriel (Axe 1). En partant de cette affirmation, on propose de mettre en avant les nouvelles matérialités de l’accaparement et de réfléchir à l’évolution de la place des États modernes dans l’évolution des rapports à l’eau des sociétés au xixe siècle (Axe 2). Enfin, en travaillant sur l’évolution du fait urbain, on entend mettre l’accent sur les conflits que fait surgir l’accaparement de l’eau durant la période (Axe 3).

Premier axe : L’eau, une ressource minérale au service de l’industrialisation ?

Le xixe siècle peut être décrit comme une période de transition d’une « économie organique » à une « économie minérale » (Charbonnier 2020). Cette économie minérale est caractérisée par l’extraction d’immenses quantités de ressources fossiles pour produire de l’énergie. La mutation des systèmes énergétiques au xixe siècle a pourtant été tributaire de la mise au travail de vastes quantités d’eau. Si les machines à vapeur ne pouvaient fonctionner sans eau, l’historiographie de la période a également montré l’importance des roues hydrauliques dans le mix énergétique des sociétés en voie d’industrialisation au xixe siècle (Malm 2016 ; Benoit 2020 ; Steinberg 1994 ; Fressoz 2024). De même, les procédés industriels, en se diversifiant, inventent de nouveaux usages de l’eau (chimie, refroidissement des machines…) tandis que des usages ancestraux de l’eau sont également perfectionnés et requièrent une ressource toujours plus abondante et domestiquée, que ce soit pour le transport par flottage (Jacob-Rousseau, Jarrige, et Langoureau 2023), le lavage des laines ou des cotons (Gagnepain 2023), le rouissage (François Jarrige 2019), ou les teintures, entre autres. Tous ces usages invitent à considérer l’eau comme une ressource minérale centrale dont la disponibilité fut, au même titre que celle du charbon ou du bois, indispensable au développement des sociétés industrielles. Étudier les usages de l’eau au xixe siècle oblige donc à s’intéresser à l’évolution des techniques ayant permis la mise à disposition de cette ressource. La période voit ainsi le perfectionnement des techniques de forages, le développement de nouveaux savoirs hydrographiques (Parrinello 2017) susceptibles de domestiquer les rivières, de les canaliser et de rationaliser leurs débits, ainsi que l’invention de nouvelles pratiques de purification de l’eau.

Deuxième axe : Place de l’État, infrastructures et droit

Depuis ses travaux discutés sur les empires orientaux (Manning 2002), Karl Wittfogel a initié une tradition d’étude des structures étatiques au prisme de leurs rapport à l’eau (Wittfogel 1977). À ce titre, le xixe siècle offre de nombreuses pistes de réflexion. Les nouveaux besoins en eau reconfigurent le rôle des États dans la mise à disposition de l’eau. Pourtant les droits de l’eau évoluent lentement (Ingold 2017 ; 2011). En Europe occidentale, ce sont les pouvoirs administratifs qui prennent en charge la planification de multiples infrastructures de captage et de distribution de l’eau – canaux, barrages, canalisations, forages. La réalisation de ces travaux a pu tout autant reposer sur la collectivité qu’être confiée à des entreprises et des capitaux privés, notamment par le biais de concessions, qui forment un cadre juridique ménageant l’exploitation de la ressource en eau. Ces cadres juridiques comme techniques de la mise en œuvre des infrastructures hydrauliques s’inscrivent par ailleurs dans des circulations transnationales d’expertise et de modèles (Tarr et Dupuy 1988). Il convient toutefois d’explorer les spécificités qu’ont pris les formes administratives et politiques qui ont facilité l’accaparement de l’eau, d’un côté dans les métropoles européennes en voie d’industrialisation, et de l’autre dans les territoires coloniaux. Plusieurs travaux ont ainsi montré que les aménagements menés par les Britanniques sur le Nil à la fin du xixe siècle s’insèrent dans une économie politique coloniale (Tvedt 2004 ; Derr 2019). Comprendre ce qui a rendu possible l’accaparement de l’eau nécessite donc une description fine des différents acteurs sociaux, économiques et politiques, qui participent à la construction d’un rapport « moderne » (Jarrige et Fureix 2020) à l’eau des sociétés au xixe siècle.

Troisième axe : Urbanisation et conflits

L’approvisionnement des villes en eau au xixe siècle se heurte à un défi : celui de la croissance des métabolismes urbains. La ville consomme et concentre de plus en plus de ressources, et produit de plus en plus de déchets (Wolman 1965 ; Barles 2002 ; Jarrige et Le Roux 2020). L’intensification de l’accaparement de la ressource en eau au xixe siècle s’effectue donc dans un contexte d’importantes mutations sociales et démographiques, qui se traduisent par une forte urbanisation, notamment dans les sociétés occidentales. La transformation des environnements urbains se fait sous l’action de différents acteurs – ingénieurs, médecins, urbanistes – motivés pour certains par des standards hygiénistes qui placent l’eau au cœur de la ville (Barles 1999). L’assainissement des villes s’accompagne d’une recomposition des ségrégations urbaines marquées par une inégalité d’accès à la ressource. L’histoire de l’eau urbaine et de ses liens avec l’hygiénisme a été abondamment documentée (Frioux 2013), aussi il convient de s’intéresser à d’autres facteurs moteurs de la mise à disposition de l’eau en ville : l’introduction de capitaux, le déploiement d’une expertise technique, la volonté politique (Hamlin 2009).

Pour s’approvisionner en eau au xixe siècle en quantité suffisante, les métabolismes urbains organisent leur domination des bassins versants adjacents pour assurer leurs besoins de consommation, s’apparentant dans un certain cas à ce que Sabine Barles désigne comme un impérialisme hydraulique. Le domaine de la ville s’étend donc désormais au-delà des frontières urbaines. L’exemple de Paris a permis d’explorer l’interdépendance entre la ville et son fleuve (Backouche 2016), voire même « l’extraterritorialité » de la ville sur le bassin de la Seine (Barles 2012). Cela se traduit par une domestication des rivières par leur endiguement par exemple, et par la construction de canaux qui détournent et acheminent l’eau jusqu’à la ville – voir par exemple : (Graber 2009 ; Soll 2013 ; Morgan 2015 ; Haidvogl et al. 2018). Cette intensification de l’utilisation de l’eau par les villes a de nombreuses conséquences environnementales, en particulier l’assèchement des nappes phréatiques, ce qui pose la question de la désertification de certains espaces au profit de l’approvisionnement d’autres. Les infrastructures permettant la conduite d’eau jusqu’à la ville peuvent en effet entrer en conflit avec d’autres usages de l’eau, notamment ses usages agricoles ou de navigation commerciale.

Ces trois axes nous semblent susceptibles la fois de permettre de mieux comprendre les mécanismes d’accaparement de l’eau au xixe siècle, mais aussi de traiter les différentes problématiques que cet accaparement a fait surgir, au carrefour des enjeux urbains, industriels, démographiques et impériaux. Nous proposons de relire le xixe siècleau prisme de l’eau, au cours de cette journée qui sera suivi de la publication d’un dossier de 4 à 6 articles. 

Calendrier

1er Mars 2025 : réception et sélection des propositions.
15 Mars 2025 : Publication du programme
25 Mai 2025 : Réception et partage des ébauches d’articles

11 Juin 2025 : Tenue de la journée d’étude.

Automne 2025 : Réception des V1 des articles et début du processus éditorial.
Début 2027 : Publication du dossier dans la Revue d’histoire du xixe siècle (ce calendrier pourra être adapté en fonction des impératifs de publication de la revue).


English version

Proposal deadline : March 1, 2025

Conference held on June 11, 2025, at École Normale Supérieure (CERES room—E045, 24 rue Lhomond, Paris, 5th district)

Organizers : Gagnepain Yaël (IHMC, CERES ENS-PSL), Pasquier Émilie (CHSP Sciences Po).

Guidelines for proposals

Proposals for papers should include a short title and an argument (3000 signs including spaces, preferably presented on one page in PDF format), possibly punctuated by a few short, explicit intertitles. The author must indicate his or her institution or laboratory. Proposals should be sent by March 1, 2025 at the latest, specifying “journée d’étude - eau” as the subject, to the following addresses :
yael.gagnepain[a t]ens.psl.eu et emilie.pasquier[a t]sciencespo.fr

Authors will be notified of the results of the selections at the end of March 2025. Details will then be given on the material organization of the study day. The organization will be able to take care of travel and catering for speakers. The conference will be open to the public.

The 30-minute papers, in French or English, will be published in a thematic issue of the Revue d’histoire du xixe siècle.

Participants will be required to send a first draft of their paper by May 23, 2025. These papers will be shared with the rest of the participants to fuel discussions throughout the day.

Focus and themes

Water availability, use and contamination will be central issues in the coming decades. Hydrologists believe that a global upheaval of the freshwater cycle is underway (Oki and Kanae 2006). This upheaval is the consequence of both anthropogenic climate change and the ever-increasing use of freshwater for human activities (Savelli et al. 2023). At the end of the “United Nations Water Conference” held in New York in March 2023, the first meeting of its kind since 1977, a report was published on global water resources (Connord and Miletto 2023). It estimates that “the use of the world’s water resources is increasing at nearly 1% per year and is expected to continue to increase at a similar rate until 2050”. It also states that today “46% of the world’s population (3.6 billion people) lacks access to safely managed sanitation services”.

Climatic conditions and changes in human activities have led to the drying up of numerous territories, and vast regions of the world are experiencing rapid desertification. Water stresses on ecosystems, on the one hand, and on human infrastructure for water collection and distribution, on the other, have led to a growing number of conflicts over the use of water. These conflicts fuel societal debates that call into question chosen or imposed development models, to the extent that water availability and management have become “one of the main areas of contestation of neoliberal policies” (Le Gouill, Cortinas Muñoz, and Poupeau 2019).

In recent decades, as our societies have come to realize the extent of the contamination and pollution imposed on environments by two centuries of intense industrial activity, historiography has produced a social history of pollution and its acceptability. This history has examined the diversity of practices deployed by economic players, scientific institutions and public administrations to ensure that polluting, toxic or unhealthy discharges into the environment are tolerated. The early contamination of Western European rivers by industrial activities in the 19th century has been particularly well described (Carré and Lestel 2021 ; Massard-Guilbaud 2010 ; Francois Jarrige and Le Roux 2020 ; Le Roux 2011). Today, as conflicts over the use of water as a resource multiply, the historical discipline must carry out work similar to that carried out for industrial pollution in order to produce a history of the provision of water for human activities. In this respect, the 19th century is a pivotal period. Our contemporary societies have inherited the changing relationships to water that emerged during this century, particularly in the industrializing West and in colonial areas.

By bringing several approaches into dialogue, this one-day workshop aims to bring this necessary debate to life in order to describe the changing relationship between human societies and water in the 19th century. In particular, we intend to focus on the new strategies for grabbing water that emerged during this century, to the benefit of emerging economic interests. This workshop, and the special issue that will follow it, therefore propose first of all to consider water as a mineral resource which, like coal, wood or various metals, has been central to industrial development (Axis 1). On the basis of this assertion, we propose to highlight the new materialities of monopolization and to reflect on the changing role of modern states in the evolution of societies’ relationships to water in the 19th century (Axis 2). Finally, by working on the evolution of the urban phenomenon, we intend to emphasize the conflicts that arose as a result of water grabbing during this period (Axis 3).

First axis : Water, a mineral resource at the service of industrialization ?

The 19th century can be described as a period of transition from an “organic economy” to a “mineral economy” (Charbonnier 2020). This mineral economy was characterized by the extraction of immense quantities of fossil resources to produce energy. Yet the transformation of energy systems in the 19th century depended on putting huge quantities of water to work. While steam engines could not function without water, historiography of the period has also shown the importance of waterwheels in the energy mix of industrializing societies in the 19th century (Malm 2016 ; Benoit 2020 ; Steinberg 1994 ; Fressoz 2024). Similarly, as industrial processes diversify, new uses for water are invented (chemistry, machine cooling, etc.), while ancestral uses of water are also perfected, requiring an ever more abundant and domesticated resource, whether for transportation by float (Jacob-Rousseau, Jarrige, and Langoureau 2023), wool or cotton washing (Gagnepain 2023), retting (François Jarrige 2019), or dyeing, among others. All these uses suggest that water is a central mineral resource whose availability was, like that of coal or wood, essential to the development of industrial societies.To study the uses of water in the 19th century, we need to look at the evolution of the techniques that made this resource available. During this period, the perfecting of drilling techniques, the development of new hydrographic knowledge (Parrinello 2017) capable of domesticating rivers, channelling them and rationalizing their flow rates, as well as the invention of new water purification practices are significant.

Second axis : State, infrastructure and law

Since his much-discussed work on oriental empires (Manning 2002), Karl Wittfogel has initiated a tradition of studying state structures through the prism of their relationship to water (Wittfogel 1977). In this respect, the 19th century offers food for thought. New water needs reconfigure the role of states in the provision of water.Yet water rights are slowly evolving (Ingold 2017 ; 2011). In Western Europe, administrative authorities are responsible for planning the many water collection and distribution infrastructures - canals, dams, pipelines, boreholes. This work is carried out both by the public authorities and by private companies and capital, notably through concessions, which provide a legal framework for the use of water resources. These legal and technical frameworks for the implementation of hydraulic infrastructures are also part of the transnational circulation of expertise and models (Tarr and Dupuy 1988). However, it is worth exploring the specific features of the administrative and political forms that facilitate the appropriation of water, on the one hand in industrializing European metropolises, and on the other in colonial territories. A number of studies have shown that the development of the Nile by the British in the late 19th century is part of a colonial political economy (Tvedt 2004 ; Derr 2019). Understanding what made water grabbing possible therefore requires a detailed description of the various social, economic and political actors involved in the construction of a “modern” (Jarrige and Fureix 2020) relationship to water in nineteenth-century societies.

Third axis : Urbanization and conflicts

The challenge of supplying cities with water in the 19th century is the growth of urban metabolisms. The city consumes and concentrates more and more resources, and produces more and more waste (Wolman 1965 ; Barles 2002 ; Jarrige and Le Roux 2020). The intensification of water resource monopolization in the 19th century therefore takes place against a backdrop of major social and demographic change, reflected in strong urbanization, particularly in Western societies. The transformation of urban environments is driven by various actors - engineers, doctors, town planners - some of whom motivated by hygienic standards that place water at the heart of the city (Barles 1999). The sanitation of cities is accompanied by a recomposition of urban segregations marked by unequal access to the resource. The history of urban water and its links with hygienism has been abundantly documented (Frioux 2013), therefore it is worth looking at other factors driving the provision of water in cities : the introduction of capital, the deployment of technical expertise and political will (Hamlin 2009).

To ensure a sufficient supply of water in the 19th century, urban metabolisms organize their domination of adjacent watersheds to meet their consumption needs, in some cases amounting to what Sabine Barles refers to as hydraulic imperialism. The city’s domain now extends beyond its boundaries. The example of Paris has enabled us to explore the interdependence between the city and its river (Backouche 2016), and even the city’s “extraterritoriality” in the Seine basin (Barles 2012). This translates into the domestication of rivers through their damming, for example, and the construction of canals that divert and convey water to the city - see, for example : (Graber 2009 ; Soll 2013 ; Morgan 2015 ; Haidvogl et al. 2018).This intensification of water use by cities has numerous environmental consequences, in particular the drying up of phreatic tables, raising the question of the desertification of certain areas in favor of supplying others. The infrastructure needed to bring water to the city can conflict with other uses of water, such as agriculture or commercial navigation.

These three themes are likely to provide a better understanding of the mechanisms by which water was monopolized in the 19th century, as well as addressing the various issues that this monopolization raised, at the crossroads of urban, industrial, demographic and imperial issues. We propose to re-read the 19th century through the prism of water, during this one-day event, which will be followed by the publication of a dossier of 4 to 6 articles.

Timetable

March 1, 2025 : Reception and selection of proposals.
March 15, 2025 : Publication of the program
May 25 2025 : Reception and sharing of draft articles.

June 11, 2025 : Workshop

Autumn 2025 : Reception of fisrt version of articles and start of editorial process.
Early 2027 : Publication of the dossier in the Revue d’histoire du xixe siècle (this timetable may be adapted according to the journal’s publication requirements). 


Bibliographie/Bibliography

  • Backouche, Isabelle. La trace du fleuve : La Seine et Paris, 1750-1850. Paris : Éditions de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales, 2016, 430 p.
  • Barles, Sabine.
    • La ville délétère  : médecins et ingénieurs dans l’espace urbain, xviiie-xixe siècle. Seyssel : Champ Vallon Éditions, 1999, 384 p.
    • « Le métabolisme urbain et la question écologique ». Les Annales de la Recherche Urbaine, 92 (1), 2002, 143-50.
    • « The Seine and Parisian Metabolism : Growth of Capital Dependencies in the Nineteenth and Twentieth Centuries ». In Castonguay, Stéphane et Evenden, Matthew, Urban Rivers. Remaking Rivers, Cities, and Space in Europe and North America. Pittsburgh : University of Pittsburgh Press, 2012, p. 94-112.
  • Benoit, Serge. D’eau et de feu  : forges et énergie hydraulique. xviiie-xxe siècles. Une histoire singulière de l’industrialisation française. Rennes : Presses Universitaires de Rennes, 2020, 452 p.
  • Carré, Catherine, et Laurence Lestel (ed). Les rivières urbaines et leur pollution. Indisciplines. Versailles : Éditions Quæ, 2017, 282 p.
  • Charbonnier, Pierre. Abondance et liberté. Une histoire environnementale des idées politiques. Paris : La Découverte, 2020, 464 p.
  • Connord, Richard, et Michela Miletto. « Rapport mondial des Nations Unies sur la mise en valeur des ressources en eau 2023 », 2023. https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/pf0000384657_fre.
  • Derr, Jennifer L. The Lived Nile : Environment, Disease, and Material Colonial Economy in Egypt. Stanford : Stanford University Press, 2019, 264 p.
  • Fressoz, Jean-Baptiste. Sans transition. Une nouvelle histoire de l’énergie. Paris : Éditions du Seuil, 2024, 416 p. 
  • Frioux, Stéphane. Les batailles de l’hygiène. Villes et environnement de Pasteur aux Trente Glorieuses. Paris : Presses Universitaires de France, 2013, 392 p.
  • Gagnepain, Yaël. « Entre accaparement et contamination  : l’appropriation industrielle de l’hydrographie à Roubaix. Début du xixe siècle - Milieu du xxe siècle ». Thèse de doctorat, Université de Lille, 2023, 622 p.
  • Graber, Frédéric. Paris a besoin d’eau. Paris : CNRS Éditions, 2009, 417 p.
  • Haidvogl, Gertrud, Winiwarter, Verena, Dressel, Gert, Gierlinger, Sylvia, Hauer, Fridriech, Hohensinner, Severin, Pollack, Gudrun, Spitzbart-Glasl Christina, et Raith, Erich. « Urban Waters and the Development of Vienna between 1683 and 1910 ». Environmental History, 23 (4), 2008, p. 721-47.
  • Hamlin, Christopher. « “Cholera Forcing” The Myth of the Good Epidemic and the Coming of Good Water ». American Journal of Public Health, 99 (11), 2009, p. 1946-54.
  • Ingold, Alice.
    • « Gouverner les eaux courantes en France au xixe siècle : administration, droits et savoirs ». Annales. Histoire, Sciences Sociales, 66e année (1), 2011, p. 69-104.
    •  « Terres et eaux entre coutume, police et droit au xixe siècle. Solidarisme écologique ou solidarités matérielles  ? », Tracés. Revue de Sciences humaines, n° 33 (septembre), 2017, p. 97-126.
  • Jacob-Rousseau, Nicolas, Jarrige, Nicolas, et Langoureau, Dimitri. Le flottage du bois en Europe. Techniques, sociétés et environnements. Dijon : Presses Universitaires de Dijon, 2023, 290 p.
  • Jarrige, François.
    • « Quand les eaux de rouissage débordaient dans la cité. Essai sur le mode d’existence d’une nuisance en France (xixe-xixe siècle) ». In Letté Michel, Le Roux, Thomas (dir.), Débordements industriels  : Environnement, territoire et conflit (xviiie-xxie siècle). Rennes : Presses universitaires de Rennes, 2019, p. 137-53.
    • avec Fureix, Emmanuel. La modernité désenchantée. Relire l’histoire du xixe siècle français. Paris : La Découverte, 2020.
    • avec Le Roux, Thomas. « L’invention du gaspillage : métabolisme, déchets et histoire ». Écologie & politique, 60 (1), 2020, p. 31-45.
    • avec Le Roux, Thomas. La contamination du monde. Une histoire des pollutions à l’âge industriel. Paris : Éditions du Seuil, 2017, 480 p.
  • Le Gouill, Claude, Muñoz, Joan Cortinas, et Poupeau, Franck. « Coupures d’eau et crise politique. Éléments pour une sociologie des transformations de l’État en Bolivie ». Politix, 127 (3), 2019, p. 135-59.
  • Le Roux, Thomas. Le laboratoire des pollutions industrielles. Paris, 1770-1830. Paris : Albin Michel, 2011, 560 p.
  • Malm, Andreas. 2016. « Who Lit This Fire ? Approaching the History of the Fossil Economy ». Critical Historical Studies, 3 (2), p. 215-48.
  • Manning, Joseph. « Irrigation et État en Égypte antique ». Annales. Histoire, Sciences Sociales, 57 (3), 2002, p. 611-23.
  • Massard-Guilbaud, Geneviève. Histoire de la pollution industrielle. France, 1789-1914. Paris : Éditions de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales, 2010, 403 p.
  • Morgan, Ruth A. Running Out ? Water in Western Australia. Crawley : UWA Publishing, 2015, 320 p.
  • Oki, Taikan, et Kanae, Shinjiro. « Global Hydrological Cycles and World Water Resources ». Science, 313 (5790), 2006, p. 1068-72.
  • Parrinello, Giacomo. « Charting the Flow : Water Science and State Hydrography in the Po Watershed, 1872-1917 ». Environment and History, 23 (1), 2017, p. 65-96.
  • Savelli, Elisa, Mazzoleni, Maurizio, Di Baldassarre, Giuliano, Cloke, Hannah, et Rusca, Maria. « Urban Water Crises Driven by Elites’ Unsustainable Consumption ». Nature Sustainability, 2023, p. 1-12.
  • Soll, David. Empire of Water : An Environmental and Political History of the New York City Water Supply. Ithaca : Cornell University Press, 2013, 300 p.
  • Steinberg, Theodore. Nature Incorporated : Industrialization and the Waters of New England. Cambridge : Cambridge University Press, 1991, 302 p.
  • Tarr, Joel A., et Dupuy, Gabriel. Technology and the Rise of the Networked City in Europe and America. Philadelphia : Temple Univ Press, 1988, 339 p.
  • Tvedt, Terje. The River Nile in the Age of the British : Political Ecology and the Quest for Economic Power. Bloomsbury : Bloomsbury Academic, 2004, 464 p.
  • Wittfogel, Karl August. Le despotisme oriental : étude comparative du pouvoir total. Traduit par Micheline Pouteau. Paris : Éditions de Minuit, 1964, 672 p.
  • Wolman, Abel. « The Metabolism of Cities ». Scientific American, 213 (3), 1965, p. 178-90.

Publié le 10 décembre 2024, mis a jour le mercredi 11 décembre 2024

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