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Date limite de dépôt : 10 mars 2022
La journée d’étude des doctorant·e·s de l’IHMC aura lieu le 8 juin 2022 à Paris (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Paris 5e).
« Société de l’information », « économie de la connaissance », « fake news » : les champs de la sociologie, de l’économie et de la politique se sont enrichis d’expressions reflétant l’importance accrue accordée aux savoirs dans notre société. Dans ce contexte, la recherche questionne la définition des savoirs et essaie d’en retracer l’histoire.
L’étude des savoirs s’est longtemps concentrée sur les conditions épistémologiques de constitution de la connaissance, dans le cadre d’une philosophie des sciences sélective et normative. Depuis une vingtaine d’années, la science ou la connaissance dans son ensemble ne sont plus interprétées comme un bloc : l’historicité des savoirs est de plus en plus considérée. Que ce soit au travers d’une approche anthropologique ou sociologique, la science n’est plus perçue comme un objet d’étude réifié et laisse place à l’étude des savoirs dans toute leur pluralité — qu’ils soient savants, techniques, politiques, populaires — et sous toutes leurs formes (écrits, oraux, gestuels, non verbaux). Champ de recherche dynamique, l’histoire des savoirs prend en compte de nouvelles voies historiographiques (spatial turn, object turn et practical turn), ainsi que l’ensemble des processus de fabrication des savoirs, de la création aux usages, en passant par leur diffusion. Les chercheuses et chercheurs bénéficient donc d’une ample boîte à outils intellectuelle pour prendre en compte la spécificité des régimes de savoirs, propres à chaque époque. Cette journée d’étude sera l’occasion de renforcer un dialogue transpériodique et transthématique, mêlant travaux modernistes et contemporanéistes, spécialistes des savoirs savants et des savoirs administrativo-politiques, et souhaite ainsi s’inscrire dans la synergie qui anime l’histoire des savoirs.
Les organisateurs et organisatrices de cette journée d’étude doctorale ont volontairement choisi une définition extensive des savoirs, destinée à éviter une lecture restreinte aux domaines intellectuel et scientifique. Certes, il s’agit là de deux dimensions essentielles du savoir, qui mériteront une attention toute particulière. Mais il conviendra aussi d’aborder d’autres sphères de déploiement de la connaissance, conçue au sens large comme le bagage cognitif acquis par un individu ou un groupe d’individus dans et pour un domaine d’action donné : l’information marchande, le renseignement diplomatique, ou encore l’expertise ponctuelle des acteurs individuels font ainsi pleinement partie du champ de questionnement établi. Dans ce sens, il faudra réfléchir également aux moyens déployés par l’État dans la collecte de données dans des domaines divers (la société, l’économie, l’environnement) et à différentes échelles (locale, régionale, nationale). Cela implique notamment de s’intéresser aux institutions chargées de traiter ces données et de suivre l’usage qui est fait des renseignements recueillis. En effet, l’acquisition d’informations par l’État a souvent pour but d’assurer une meilleure gestion de la population et des territoires, pouvant aboutir à la création de nouvelles politiques et de réformes.
Dans cette perspective, « approcher » renvoie aux modalités d’appréhension des divers savoirs, propres aux acteurs qui les détiennent : la perception qu’ils en ont, la légitimité qu’ils leur prêtent, le degré de familiarisation qu’ils entretiennent avec, enfin l’utilisation qu’ils se proposent d’en faire. De ce fait, l’attention portée aux approches doit permettre de ne pas envisager les savoirs comme un produit fini ou comme un discours abstrait. Le but est au contraire de s’intéresser à la posture des individus, des groupes sociaux, des institutions vis-à-vis des savoirs qu’ils acquièrent par transmission ou par découverte.
La focalisation sur les usages invite à centrer les réflexions sur l’articulation entre les savoirs et les pratiques qu’ils induisent – pratiques intellectuelles, mais également pratiques relationnelles et pratiques matérielles. L’usage est entendu autant comme habitude, coutume, tradition propre à une sphère du savoir donnée, que comme l’utilisation et la mise en œuvre des connaissances qui en découle. Par conséquent, les contributeur·ice·s sont encouragé·e·s à n’exclure de leur réflexion aucune des étapes qui jalonnent la création d’un discours savant ou renseigné : observation, élaboration, circulation, diffusion, application. Par extension, l’usage renvoie également au point de vue de l’historien·ne, c’est-à-dire à notre propre exploitation des informations présentées par les sources : on pourra donc également développer un propos réflexif sur la manière dont nous abordons des discours en apparence neutres et descriptifs, par comparaison avec des documents dont le caractère biaisé paraît évident dès le premier abord.
Maria Espinosa, Lisa Lafontaine, Costanza Lugnani, Clément Poupard
Une priorité sera donnée aux doctorant·e·s de l’IHMC dans le choix des participant·e·s. Toutefois, cette rencontre se veut ouverte aux membres d’autres laboratoires, institutions ou universités : ainsi, il est vivement souhaité que plusieurs communications soient présentées par des intervenant·e·s extérieur·e·s.
Les communications dureront de 15 à 25 minutes selon le nombre d’interventions, et seront suivies d’une discussion avec un·e chercheur·se de l’IHMC.
Les frais de déplacement sont à la charge des intervenant·e·s. Selon les évolutions de la situation sanitaire, les contributions en visioconférence seront également acceptées.
Pour participer, vous pouvez envoyer une proposition comportant un titre et un bref texte de présentation de la contribution envisagée (1 500 à 2 000 caractères espaces compris). Les réponses sont à transmettre aux organisateur·ice·s avant le 10 mars 2022, à l’adresse suivante : je-doct.ihmc@univ-paris1.fr
Publié le 20 janvier 2022, mis a jour le mercredi 30 mars 2022