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Séminaire M2 et doctoral de l’IHRF–IHMC / IUF / BnF
sous la direction de Pierre Serna (IHRF-IHMC ; IUF) et Francesco Dendena (BnF)
1er semestre 2020-2021
Le mercredi de 17 h à 19 h
Salle D633
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
17, rue de la Sorbonne, Paris 5e
Contact : pierreserna@wanadoo.fr
Pour la troisième année, le séminaire poursuit ses investigations autour du projet soutenu par l’IUF, « en faisant, en écrivant la Révolution ». De nouvelles pistes se dessinent, de nouvelles approches s’esquissent, quelques rares certitudes commencent à être posées. D’abord celle de la confirmation de la vieille illusion de l’école positiviste, qui a si longtemps bercé le monde universitaire pour légitimer sa fonction sociale. Écrire sur le passé ne signifie pas relater le vrai. Écrire sur le passé dans un premier temps consiste de la façon la plus honnête qui soit, de tenter de dire le réel. Dire le passé est dire ce qui s’est passé, non pas en soi, mais pour des actrices et des acteurs au moment où se passaient les faits. La mise en récit en récit attribue, confère un sens à partir d’un ensemble de preuves, considérées comme authentiques dans leur déroulé advenu, pour répondre aux interrogations et aux besoins qui se posent dans le présent. Écrire et faire de l’histoire signifie tisser un lien social par le biais d’une méthode qui définit l’acceptabilité du texte en question.
Ce qui explique pourquoi le recul n’est pas l’effet du temps.
Ce qui explique pourquoi l’écriture historique commence au moment même où l’évènement survient et où il est relaté. Dans des in quarto des premières histoires, dans l’octavo des mémoires, qui se distinguent si difficilement des pamphlets, des journaux et des textes manuscrits, définissant l’ampleur des supports à travers lequel se transmettent et se construisent à la fois une culture historique et un régime d’historicité. Ainsi l’histoire de la Révolution nait avec la Révolution. D’ailleurs, l’acte qui la constitue comme événement n’est pas une émeute, si décisive quelle que fut son issue, mais comme l’ont montré Diego Venturino et François Hartog, l’invention précoce d’un régime d’historicité, qui, dès juin 1789, divise à jamais l’ancien du nouveau, ouvrant un espace d’attente nouveau, qui oblige, non pas à effacer l’histoire, comme n’arrêtent pas de le répéter les pâles héritiers de Burke mais à l’inventer selon des modalités nouvelles, tant dans le fonds que dans le style. La Révolution a aussi révolutionné l’histoire. Elle oblige à la réécrire, à l’éditer de façon nouvelle, à inventer de nouveaux canaux de sa diffusion. Constamment. Tous les jours. Par des textes. Par des images. Par des rites collectifs. Par des monuments. Par des discours, des paroles. Par des expériences perdues à retrouver.
Et l’histoire en Révolution ? Elle est omniprésente, terrain de luttes méthodologiques, politiques, braise où se forge sans cesse le sens qui légitime un combat et le miroir des tensions qui traversent la société.
Pour la troisième année consécutive, ce séminaire de l’IHRF, organisé sous la direction de M. Pierre Serna, et la collaboration de Francesco Dendena, trouve un partenaire prestigieux dans l’institution de la Bibliothèque nationale de France, et plus particulièrement celle de l’Arsenal et sa si riche collection de manuscrits. Ainsi, nous ré-ouvrons ce chantier dont la richesse et l’intérêt sont des acquis, en privilégiant une approche qui vise à explorer les usages sociaux de cette nouvelle culture historique révolutionnaire autant que les stratégies discursives et éditoriales qui permettent de circulation de ce discours historique.
Le terme d’« expérience révolutionnaire » guidera notre réflexion cette année. Cette écriture immédiate de la Révolution constitue un témoignage précieux pour déchiffrer ce qu’a pu être au plus près des événements, leur vécu leur ressenti et leur passage par le filtre le moins distancié qui soit de l’écriture, dans ses deux pôles de subjectivité-objectivée par une vérité ressentie, et d’objectivité-subjective qui empêche toute forme de neutralité dès lors qu’écrire est un acte, plus que de construction du réel, de positionnement de soi dans le réel.
Cette approche explique la volonté d’intégrer cette année dans nos travaux l’apport offert par les conservateurs de la Bibliothèque Nationale et notamment par le département de la bibliothèque de l’Arsenal. La richesse de ses collections, unique concernant le xviie et le xviiie siècle, autant que le rôle que cette institution a eu dans l’organisation du patrimoine culturel pendant la Révolution, permettront d’élargir la réflexion et d’interroger l’impact de la nouvelle organisation des savoirs, leur institutionnalisation sur leur diffusion et sur leur transmission.
17 h – 19 h
Pierre Serna, IHRF-IHMC, IUF
17 h – 19 h
Francesco Dendena, post doctorant, chercheur associé à la BnF
17 h – 19 h
Anne Quennedey, Paris Sorbonne
17 h – 19 h
Edmond Dziembowski, université de Besançon
17 h – 19 h
Wim Klooster, professeur de la Robert H. and Virginia N. Scotland Endowed Chair, History and International Relations at Clark University
Les historiens ont fréquemment présenté les révolutions comme des affaires simples et unidimen-sionnelles, dans lesquelles les personnes qui n’étaient pas d’accord avec les révolutions ou qui les combattaient activement restaient dans l’ombre. Ces dernières années, cependant, les loyalistes et les royalistes ont reçu beaucoup d’attention. Ce qui reste peu étudié, ce sont les neutres, ceux qui ont choisi de ne prendre parti pour aucun des deux camps. Combien étaient-ils et pouvaient-ils éviter d’être entraînés dans l’opposition binaire entre révolution et contre-révolution ? Dans cette perspective, cette conférence abordera également d’autres sujets négligés.
Lire l’article « Slave Revolts, Royal Justice, and a Ubiquitous Rumor in the Age of Revolutions » de Wim Klooster (.pdf, 221,3 ko)
17 h – 19 h
Weiyi Li, doctorant IHMC-IHRF
17 h – 19 h
Yann Fauchois, attaché de conservation à la BnF
17 h – 19 h
Elisa Baccini, post-doctorante à l’Università di Pisa, Dipartimento di Civiltà e forme del sapere
17 h – 19 h
Anne de Mathan, université de Caen
17 h – 19 h
Mathilde Harel, doctorante à l’université de Lille (au sein de l’IRHIS) et à l’EHESS
17 h – 19 h
Attention : inscription obligatoire auprès de thomas.corpet@univ-paris1.fr, la jauge des visiteurs étant fixée à 17 personnes (plus les organisateurs)
Le rendez-vous est donné à 16 h 45 / 16 h 50 devant la bibliothèque de l’Arsenal. Le passe sanitaire est obligatoire.
Fabienne Queyrou, adjointe au directeur de la bibliothèque de l’Arsenal et Claire Lesage, cheffe du service des collections à la bibliothèque de l’Arsenal
Le séminaire se déplace pour une séance de travail à la bibliothèque de l’Arsenal, notre partenaire de travail du semestre pour une présentation des collections et de quelques manuscrits mentionnés auparavant.