Accueil > Vie scientifique > Séminaires > Séminaires 2019-2020 > [Master 2] En faisant, en écrivant la Révolution française
Séminaire organisé par Pierre Serna
1er semestre 2019-2020
Le mercredi de 17 h à 19 h
Salle Marc Bloch, escalier C, 2e étage
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
17, rue de la Sorbonne, Paris 5e
Contact : pierreserna@wanadoo.fr
Alors qu’il existe des bibliothèques entières de livres sur l’histoire des Révolutions et plus particulièrement de la Révolution française, et désormais une bibliographie abondante de livres et articles sur leurs historiographies, paradoxalement il n’existe pas à notre connaissance d’ouvrages publiés sur les hommes et les femmes qui ont écrit entre 1789 et 1799 une histoire de la Révolution. C’est là une lacune étonnante et qui interroge dès que quelques recherches sont faites et démontrent de suite que l’histoire de la Révolution fut bien une histoire du temps présent alimenté par des centaines d’ouvrages
Ceci n’est pas un projet de recherches sur la Mémoire ou sur les mémorialistes de la période révolutionnaire et impériale. Des travaux importants ont été publiés récemment tant par Natalie Petiteau, que par Annah Karla ou Damien Zanone. Encore auparavant Sergio Luzzatto avait exhumé la mémoire des Conventionnels3. La vieillesse arrivant, ils avaient recomposé leurs souvenirs afin de laisser leurs traces, le plus souvent mus par un choix judicieux de souvenirs, mettant en valeur leur parcours et la cohérence de leur choix, afin de ne point risquer le stigmate de girouette menaçant toue la génération qui a survécu après 1815.
Ceci n’est point, pour autant, un projet de recherches sur l’historiographie de la et des Révolutions qui secouèrent le monde atlantique à partir de 1776 et au moins jusqu’en 1799, avec la brève expérience de la République napolitaine, dernière révolution du xviiie siècle. Ces histoires naissent une génération après, et bien des historiens s’accordent à reconnaitre que la parution des œuvres des jeunes Thiers et Mignet en 1823, commencent une étape cruciale qui distingue désormais le récit de la Révolution en soi, et les luttes d’interprétation autour de la signification de l’événement monstrueux qu’est la décennie révolutionnaire. De façon significative et (surement injuste), Jacques Godechot dans son Jury pour la Révolution française décide de mettre en dialogue 14 historiens de la Révolution, déniant à Madame de Staël, le titre d’historienne, parce qu’elle fut actrice ou témoin des événements, refusant donc de prendre en compte ses Considérations sur la révolution française comme un livre digne d’être nommé livre d’histoire, publié de façon posthume en 1818.
C’est justement ce refus qui fonde l’objet premier du projet de séminaire pluriannuel et s’inscrivant dans un projet soutenu par l’Institut Universitaire de France, ici présenté. Non seulement l’ouvrage de Madame de Staël est considéré de par sa profondeur et sa méthode comme un livre d’histoire au sens plein du terme, mais au lieu d’être le premier, il serait le dernier de la série envisagée dans la constitution du corpus des ouvrages étudiés dans ce projet de recherches.
En effet, les récentes réflexions, en grande partie menées autour des ruptures temporelles que seule la génération d’après la chute du mur de Berlin a pu intégrer avec l’observation in situ des recompositions des pays en voie de transition thermidorienne ou de recomposition sociale et politique, ont fait prendre conscience de la manière d’aborder de nouvelles temporalités historiques et existentielles en temps de fracture globale des vieux systèmes. Le débat se dirigea un temps vers la question de la fin de l’histoire comme accomplissement d’une histoire libérale, voire l’avènement des libertés, au moins pour un monde occidental. De fait, le cycle de répressions politiques contre les opposants aux régimes arbitraires, les révoltes, des Révolutions, est réapparu au ce début de xxie siècle, rappelant à la prudence et à la modestie ceux qui écrivent des histoires par trop occidentalo-centrées. Les Révolutions ne sont pas terminées et l’histoire récente des Printemps arabes et plus particulièrement de la Tunisie montre une révolution en direct et sa genèse narrative s’édifier.
Ces ruptures de temporalités, accompagnées de nouvelles expériences révolutionnaires actuelles, donnent lieu à des productions immédiates de récit sur des supports nouveaux (internet, cinéma, réseaux sociaux) eux-mêmes objets d’une révolution de la diffusion des informations. Une nouvelle donne épistémologique met l’expérience subjective de l’acteur dans sa capacité à se représenter le monde, au cœur de sa vérité particulière et donc de sa sincérité en tant qu’acteur engagé dans l’événement historique. La recherche s’est affinée et la biographie a retrouvé une autre forme de validité, faisant des « contradictions constitutives » des témoins de l’histoire, des marqueurs, que l’historien prendre en compte au lieu de les considérer comme des fragments trop partiels d’une réalité globale. J’ai déjà croisé les parcours de Montlosier (1755-1838), Boulay de la Meurthe (1761-1840), ou Toulongeon (1748-1812), posant dans une série de premiers articles, les premiers jalons de cette réflexion.
Ces premières considérations permettent de comprendre pourquoi tout un pan de la production foisonnante des deux dernières décennies du xviiie siècle est resté hors d’un champ de visibilité dans l’ensemble des études révolutionnaires : l’histoire au jour le jour des Révolutions ou l’histoire des Révolutions pendant les Révolutions. Certes, des premiers travaux ont pu être réalisée, de façon pionnière par Mary Smith, demeurée esseulée. Plus récemment en 2005 s’est tenu un colloque important à Vizille sur la Révolution « tel un récit présent « ne se limitant pas d’ailleurs à la seule production des années 1789-1799(6). Joseph Zizek(7), sous la direction de Carla Hesse, a également étudié quelques historiens de la période, réfléchissant aux mutations de l’écriture de l’histoire, sous la forme de la Révolution comme une « anti-histoire » et les dérives poétiques de ses chroniqueurs. Un numéro spécial de la revue en ligne La Révolution française a consacré son dossier à la figure de l’Historien vivant, sous la direction de Francesco Dendena et Lois Chavanette. Des travaux et des thèses ont pu également éclairer tel ou tel historien ou historienne de la Révolution. Les études staeliennes connaissent un vif renouveau depuis une dizaine d’années avec la publication des œuvres de l’écrivaine. Il en va de même pour le cas emblématique de Châteaubriand, un des inventeurs les plus importants de cette histoire du temps présent révolutionnaire, y rajoutant une autre dimension spatio-temporelle par son voyage aux États-Unis, l’autre République naissante de la fin du xviiie siècle. Des travaux sur Lacretelle, sur Lavicomterie, sur Prudhomme ou Fantin Désodoards, ou sur l’abbé Grégoire, historien des révolutions haïtiennes, ont ouvert des brèches. Très récemment enfin, Antonio de Francesco consacre le premier chapitre de son ouvrage sur l’historiographie de la Révolution aux historiens contemporains des faits, ne pouvant cependant pas dans le cadre de son étude, se livrer à une étude approfondie de la masse des histoires produites de façon contemporaine aux faits.
Le champ est ouvert. Le chantier est à construire ensemble. Les débats croisés sont à animer d’un commun accord démocratique. Nous sommes d’accord sur le fait que nous ne serons peut-être pas d’accord et ainsi s’enrichira la recherche et les études révolutionnaires au sein de l’IHRF dans l’IHMC
17 h – 19 h
Introduction du séminaire doctoral, dans le cadre du projet proposé et choisi par l’’IUF
Pierre Serna
15 h – 19 h
Attention : cette séance débute à 15 heures
15 heures
Séance d’ouverture de l’année universitaire pour les post-doctorants, les doctorants et les étudiants de M2 de l’IHRF-IHMC
Présentation de l’année, des travaux communs à réaliser des tâches à accomplir pour LRIF IHRF et des journées d’études et intervention en séminaires des doctorants. Projet d’école d’été à construire avec l’université de Milan.
À 17 heures
Rafe Blaufarb, professeur à l’université de Floride (États-Unis d’Amérique)
Présentation de son livre « L’invention de la bourgeoisie ? une autre histoire de la Révolution française, Champ Vallon, 2019, qui sera présenté à Blois sur le stand Champs Vallon aux « Rendez-vous de l’histoire ».
17 h – 19 h
Alexander Cook, professeur à l’Université Nationale d’Australie
17 h – 19 h
Autour du livre de Naïl Ver-Ndoye et Grégoire Fauconnier, Noir : Entre peinture et histoire, Paris, Omniscience, 2018
17 h – 19 h
François Hartog, EHESS
17 h – 19 h
Georges Vayrou, université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne
17 h – 19 h
Cette séance sera reprogrammée au début du second semestre.
Jean-Clément Martin, professeur émérite à l’Université de Paris I, ancien directeur de l’IHRF, IHRF IHMC
À partir de l’ouvrage à lire de J.-C. Martin, Les Échos de la Terreur - Vérités d’un mensonge d’État (1794-2001), Paris, Belin, 2018. Également disponible en édition poche chez Agora, collection « Pocket » (octobre 2019).
Voici trois autres références pour préparer la séance :
17 h – 19 h
Cette séance sera reprogrammée au début du second semestre.
Maitté Bouyssy, Paris 1 Panthéon-Sorbonne
17 h – 19 h
Yuki Kusuda, doctorant IHRF-IHMC
16 h – 18 h
Valentine Brunet, doctorante IHRF-IHMC
16 h – 18 h
Thomas Fressin, doctorant de l’Université de Nice, officier de gendarmerie
Attention : Cette séance se tiendra de 16 h à 18 h à l’ENS (pas à Paris 1), salle Weil (rez-de-chaussée, couloir DC), au 45, rue d’Ulm, Paris 5e.
Accéder au plan du bâtiment.
16 h – 18 h
Antonio de Francesco, université de Milan